• 12-Un réveil sonné

    Elle a tenté un sourire faiblard. Elle a abandonné quand elle m'a vue.

    J'ai commencé à trembler, frissonner, je suis une coquille vide vide 

    vidée.

    Si faible...

    Je suis un bâton qui chavire un bâton naufragé, il me faut un bateau pour le retour, j'ai besoin d'une bouée ; je n'ai jamais trouvé d'île où se poser.

    Peut-être que Corinne s'est demandé si elle devait continuer, si ce serait pas mieux de s'arrêter là, de me laisser repartir et de ne pas enfoncer ce couteau dans la plaie qui saigne déjà à flots...

    Mais Corinne, la courageuse Corinne m'a lancé un regard et a continué :

    -Tu te souvenais, Sophie, tu te souvenais...

    Un silence a percé mon coeur.

    -On a pu te voir deux jours après. Tu avait l'air un peu abîmée, mais rien de grave. Tu nous diras "peut-être, mais vous avez pas vu l'intérieur". C'est comme si on t'avait un peu détruite.

    "On a ouvert la porte et tu as ouvert les yeux, encore endormie. Henri ne savait pas où se mettre, bien sûr. On avait passé deux jours à se crêper le chignon, à se dire ce qu'on aurait dû faire. Ou ne pas faire.

    "Tu n'as absolument rien dit. Tu nous regardais avec tes grands yeux marron, du bout de ton lit, nager dans le banc et je t'ai tendu des chocolats, ceux que tu préférais, tu sais ?"

    J'ai hoché la tête.

    "En fait, je t'ai dit bonjour et tu n'as pas cessé de fixer Henri. Tu lui as dit "Pourquoi ?" et je crois qu'Henri s'est fendu en deux. Henri n'a rien dit. Il s'est contenté de te regarder, l'air vide et toi aussi tu as plongé tes yeux pleins de questions et de douleur dans les siens. Il n'a jamais répondu.

    "Je savais pas quoi faire, Sophie... Je suis une imbécile, je le sais mais je me sentais tellement impuissante et le silence a posé comme un mur. Tout ça parce qu'on a refusé d'en parler.

    "Sophie, c'était la dernière fois que je te parlais. On est repartis, et quand on est revenus le lendemain tu n'étais plus là. Tu as disparu. Effacée. "

    Mon téléphone a sonné et je n'ai même pas pris la peine de regarder qui ça pouvait bien être. J'ai sursauté et j'ai fixé le vide.

    Corinne aussi a sursauté. Elle m'a demandé, avec un petit sourire en coin :

    -Qui c'est ?

    J'ai haussé les épaules. Jeté un petit coup d'oeil.

    -Je ne la connais pas.

    Elle m'a fait un grand sourire, m'a glissé :

    -Raison de plus pour répondre.

    Et elle est partie dans la cuisine, ranger nos tasses et les biscuits.

     

    Maéli

    Pardon...

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 20 Janvier 2016 à 18:05

    Pourquoi "Pardon..." à la fin ?

    Sinon toujours aussi sympa "Amnésie" ;)

      • Mercredi 20 Janvier 2016 à 19:26

        Je suis en retard... C'était prévu dimanche x)

        Merciii biiien :D

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