• 17_Au Café du Coin

    J'ai fini par trouver. J'ai le coeur battant, je piétine un peu, je crève d'envie d'entrer mais pourtant j'hésite, je me mordille la lèvre.

    Je suis un peu anxieuse, totalement excitée ; complètement terrifiée.

    J'essaie d'apercevoir ma maman, à travers cette porte en verre, je me tortille, dans l'espoir de voir ses boules brunes tomber sus ses épaules, ou bien son sourire ; qui adoucissait mes peines. Je l'imagine, avec son imper' beige et long qui ne la quittait jamais, son regard pénétrant et sa démarche qui faisait se retourner les hommes. Maman a ça de fascinant ; elle est belle, mais pas sublime et sans s'en rendre compte, elle dégage une lumière qui donne une irrésistible envie de se rapprocher.

    On veut tous se rapprocher de la lumière ; histoire de ne pas avoir froid, le soir.

    Et puis je souffle un bon coup et je rentre, décidée.

    En ouvrant la porte, une cloche carillonne et je me faufile entre les tables, le café est déjà plein de monde, des habitués sont accoudés au bar, des amis rient autour d'un verre aux tables, on entend comme un bourdonnement de fond et je cherche des yeux, je cherche des yeux ma mère.

    Je suis sur la pointe des pieds quand j'aperçois un visage féminin qui se dirige vers les toilettes. Son nom me frappe, comme un clou qu'on enfonce dans mon crâne. Anna.

    Je me baisse brusquement, je deviens rouge, et pour tout dire, je panique un peu. Si jamais je croise l'un d'entre et que je ne les reconnais pas ? Comment pourraient-ils prendre le fait que je préfère ma mère à eux ? 

    J'ai pas en vie de les voir...

    Et s'ils me trouvaient avant que je n'ai retrouvé ma mère, comment pourrais-je ne pas être coincée ?

    Alors, je me relève, prête à prendre les jambes à mon coup à la moindre alerte, le coeur galopant dans les ravins, je l'entends, du haut de la falaise, résonner insolemment.

    Quand une main se pose sur mon épaule. Je me fige et la pensée qui fuse "je suis prise au piège".

    -Sophie ?

    Elle est la voix un peu rauque, ou alors éraflée par le temps, je ne sais pas ; elle a la voix qui vient des profondeurs de mes souvenirs.

    J'ai la gorge nouée.

    Je suis muette.

    Je n'arrive pas à bouger.

    Et dans ma tête il y a cette pensée "je ne peux rien faire et elle va s'en aller, elle va s'en aller" cogne si fort sur mon crâne qu'elle m'en fait mal.

    La main se reserre, comme pour s'accrocher, comme pour dire, je suis là.

    -Sophie, tu ne veux pas qu'on prenne une table ?

    Sa voix, sa voix... Ce sont les rouleaux de la mer qui viennent s'échouer sur la plage, ce sont les douceurs des comptines d'enfance, ce sont les hurlements des disputes, et le baume sur un coeur fissuré par la tourmente.

    -Naïa ?

    Je ne reconnais pas ce son brisé qui sort de cordes vocales ; mais je l'ai dit. Je suis une statue qui attend.

    -Oui.

    Lentement, je me retourne.

    Le monde autour n'est plus, le bourdonnement n'est plus qu'un murmure, les éclats de rire des fourmillements, mes amis ne sont plus là, le monde tourne autour d'ici et maintenant.

    Et la femme que je vois est complètement différente de celle que j'ai connue.

     

    Maéli

    PS : On arrive à la fin :) (3 épisodes maximum je pense...)

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 6 Mars 2016 à 15:19

    J'attends le dénouement avec impatience.

      • Dimanche 6 Mars 2016 à 15:29

        J'espère qu'il sera à la hauteur de tes attentes alors ! :D

      • Dimanche 6 Mars 2016 à 18:15

        C'est clair qu'on est pressé de savoir la fin ! Mais vu comment tu nous tiens en haleine, il n'y a aucun doute que la fin sera à la hauteur des espérances des lecteurs.

      • Mardi 8 Mars 2016 à 18:44

        Ahah merci Perle37 ! :D

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