• 18_Retrouvailles

    Je me rappelle d'une femme éclatante, élancée, lumineuse et voilà que cette femme est fripée, tassée, ses yeux tirent tirent pour laisser passer un peu de lumière. Il y a comme un filtre autour d'elle, comme si elle ne laissait plus si bien passer la lumière.

    Elle se cache sous son manteau noir et long, ses cheveux aussi sont teints en noir -où est passé l'auburn et les boucles ?-, elle me regarde avec deux yeux pleins de tendresse, mais deux yeux qui semblent pleurer en permanence.

    On tire deux chaises qui grincent sous la table, on s'assoit, se fixe ; et le silence attend, patiemment, entre nous, joue au pendu, rit. Dans son sac, il porte nos réponses.

    Mes prunelles, sont deux paniers trop pleins de questions.

    Maman lance une bouteille à la mer, pleine d'espoir : 

    -Alors, tu ne te souviens pas ?

    Je hoche la tête.

    J'ai les yeux brillants, ils pétillent et je savoure sur ma langue le son de sa voix.

    Naïa...

    -Sophie, ce n'est pas la première fois.

    Je déglutis difficilement.

    -Sophie, tu sors le soir avec tes nouveaux amis, et tu bois. Encore et encore ; ça vous amuse mais pas moi. Tu as vu dans quel état tu es ?

    J'avoue que je suis un peu perdue ; une enclume tombe dans mon estomac. Ma mère, ma mère que je n'ai pas vu depuis depuis...? me fait la leçon. Encore. Je n'en ai même aucun souvenir.

    Mais je me tais ; je l'ai mérité, non ?

    Elle doit bien savoir pourquoi je fais tout ça ?

    -Oui, j'ai disparu, Sophie. Trois mois. C'était le temps dont j'avais besoin pour me remettre de tous ces événements, Henri qui se mariait, moi qui vieillissait, toi, toujours incapable de prendre soin de toi. Ma solitude...

    "J'en avais besoin, Sophie. Et je t'ai appelé, un soir. Je t'ai dit de me retrouver à la gare, avant que je ne reparte voir un homme que j'avais rencontré. Tu es allée chercher Henri pour lui dire que tu m'avais enfin retrouvée, que j'étais revenue, pour lui dire de venir avec toi.

    " Mais il était tard et Henri a perdu ses moyens. Ça faisait beaucoup sur ses épaules, tu ne te rendais pas compte. Il était jeune marié avec un bébé, une femme à s'occuper, il souffrait de mon absence et tes frasques pesaient lourds.

    "Tu as passé la nuit à l'hôpital et tu lui en as toujours voulu parce que tu avais raté le rendez vous et qu'il ne te croyait pas"

    Une voix a interrompu ma mère, alors que ses mots volaient d'elle à moi, une voix que je ne voulais pas entendre, surtout pas maintenant :

    -Alors, on fait faux bond à sa meilleure amie ?

     

    Maéli

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