• J'ai pris ce carton et je l'ai ouvert ; j'ai inspiré un bon coup quand le vent des souvenirs a voulu m'étouffer et j'ai pris la première lettre sur le tas.

    Y a comme une voix qui m'a dit "t'es sûre de vouloir faire ça ?" et j'aurais voulu lui crier que non non non, mais je suis dans le train, non ? Je vais pas encore me débiner maintenant.

    Non, mais comme experte de la fuite, difficile de trouver mieux. Je suis comme désarmée face aux événements de ma vie et c'est comme si, à chaque croisement des chemins, j'avais pété un fusible. Comme si j'avais trouvé un moyen pour faire disparaître la magie des instants et faire un truc que je ne pensais pas.

    Mais j'ai pas d'excuses, hein.

    C'est pour ça que quand j'ai lu les premières lignes, j'ai dû m'arrêter parce que c'était trop.

    A mon ange ailé...

    J'ai fermé les yeux en appuyant fort sur mes paupières pour oublier que tout ça est réel, que merde, on est maître de sa vie, et que la vache, j'étais encore entrain de me dégommer le coeur à braver les interdits.

    J'ai soupiré.

    Mais là, ça vaut le coup, non ?

    J'ai soupiré et j'ai recommencé à lire.

    Le temps passe vite, si vite et si lentement... Ça fait six mois que ton image me suit partout ; j'ai essayé de tout effacer, je te promets que j'ai essayé de recommencer, de construire quelque chose.

    J'ai changé de métier, je me suis réalisée un peu partout ; je suis une jeune femme épanouie, comme on dit. J'ai tout : l'argent, les voyages, le bonheur, un travail et des amis que j'aime, la réussite.

    Et toi ?

    L'autre jour, j'ai repensé à comment tout a commencé. Et c'est une histoire assez incroyable ; les histoires d'amour ont ça de fou. Elles dépassent vos rêves les plus dingues, en construisent de nouveaux et comme une étoile filante, une fois évaporée, elles vous laissent avec ce doute.

    Dis-moi, c'était bien réel, tout ça ?

    Et pour la première fois depuis dix ans je me suis autorisée à repenser à nous.

    Tous les murs sont tombés sur le passage de la vague des souvenirs qui a déferlé, entrant pour une fois par la porte d'entrée.

    Jusqu'à me submerger.

     

    Maéli


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  • J'aimerais ouvrir mon journal, sortir tous ces gens apeurés des images, les prendre par la main ; leur dire que maintenant c'est fini, leur ouvrir grand les bras.

    Leur crier que le soleil brille dans les nuages, et que eux, c'est pas moi ; c'est pas nous, hein ?

    Que j'ai jamais voulu tout ça, que je me brise le coeur, quand j'entends la radio je vois les infos je lis le journal ; je pense à eux, partout dans le monde. A leur courage, à leur lumière, dans leur coeur ; et j'ai honte.

    Je voudrais prendre la mienne, caché derrière ma cage thoracique, m'en servir pour allumer des bougies et des étoiles ; j'aimerais voir leurs lèvres s'étirer, leur chantonner, on verra pour le reste demain, vous verrez

    qu'il nous reste un peu d'humanité dans les bras.

    Ohh l'insolente impuissance, la venimeuse menteuse qui danse qui danse, alors, je prie pour que vous arriviez jusqu'à mon palier ; pour que les murs que l'on érigent, tombent avant même d'avoir existé.

    Ça fait des mois qu'on se lamentent, pendant que vos enfants se noient et vos parents explosent ; le chagrin me déchire, et vous n'avez pas de toit.

    Je ne suis qu'une misérable plume qui clame qu'elle ne peut rien faire ; vous avez marché des milliers de kilomètres et hier vous auriez dit comme moi, mais là, c'est de nous que vous avez besoin.

    Ce sera moi, sur la ligne d'arrivée, avec mes bougies et mes chandelles et mes sourires, et, en attendant, on va se retrousser les manches.

    De tout mon coeur, 

     

    Maéli

     


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  • "Alone made of ice", Maldito

     

    Les gouttes d'eau tombent et tricotent sur mes bras ; les gouttières gloussent et l'on glisse doucement sur les jours, attendant patiemment l'été.

    Sur nos fils, avec nos perches et nos seaux d'eau, on avance, un pied après l'autre ; on cherche un équilibre.

    Le silence fredonne et la peur a pris la route.

    Tout est plus calme.

    Comme un homme en haut de la montagne, nous contemplons. Nous contemplons. Les nuages nagent s'effacent s'épaississent s'effilent, et l'on se noie, en plein milieu des jours, dans l'infinité de ces secondes qui crient être sans importance.

    Le ciel s'est découvert, posant son manteau sur une chaise ; et l'on redessine l'avenir.

    Et l'on rêve de soleils, d'horizons, de calme ; de quelque chose de simple. On se donne rendez-vous, dans vingt ans, on s'imagine riches pauvres parents ; encore des êtres rejetés par l'océan.

    On est sur la balançoire, tricotant la pluie et grignotant le soleil, comme des adolescents, allumant des lucioles, pour la nuit dans les prairies ; pour plus tard, pour soigner nos coeurs malmenés.

    On continuera de rêver.

     

    Maéli

    Merci.


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  • Oui, j'ai peur.

    J'ai une trouille monstre, qui me prend aux tripes, les compresse, bien fort ; histoire de se faire sentir. Elle fait des noeuds de marin, de ceux qui prennent des heures voir des jours à démêler ; de ceux qu'on paye des années pour les avoir écoutés.

    Elle ricane un peu, saute sur le canapé, à l'intérieur de l'estomac ; poupée vaudou, elle plante ses aiguilles dans mes intestins, faudrait pas que je l'oublie quand même.

    Alors oui, c'est vrai, j'ai une trouille monstre qui me tord les entrailles et j'ai la bêtise de l'écouter, allez encore et encore, et j'ai beau le savoir qu'il faut pas ; je recommencerai, chaque fois.

    J'ai toujours une excuse valable sous le coude, alors pour ça, je m'en fais plus trop.

    Je sais que ça me vaudra des questions, un tourbillon dans ma tête, des émotions en bazar, des prières, des requêtes des si et des peut-être  ; mais c'est toujours source d'inspiration.

    Et la lâcheté s'insinue, doucement, dans les pas de la peur ; elle passe sous les portes, dans les verrous, et se fait une petite place tranquille dans nos coeurs.

    C'est vrai, après tout, le reste est peut-être bancal ; le temps m'aidera à décoller mon regard de cette opportunité que j'ai, oups, raté et c'est la faute de personne d'autre que moi.

    Elle prend même plus la peine de se cacher et fait des claquettes sur le plancher.

    Vous en avez pas marre ?

     

    Maéli


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  • Le train roule roule roule. Le monde devient flou, l'extérieur fait à peine l'effort d'être esquissé ; je fonce à 200 km/h.

    J'ai peur.

    Tout a commencé avec ce paquet sur la table.

    Je ne l'aurais jamais pris d'ailleurs, en temps normal. Si la chanson n'avait pas retenti à cet instant, , si mon frère n'avait pas crié contre ma mère, si une larme n'avait pas roulé sur mon visage.

    A l'instant où je l'ai vu, tout s'est télescopé. Absolument tout. Une bombe dans mon salon, emballée dans son carton ; depuis tout ce temps, elle devait m'attendre...

    Un ciseau a coupé les fils qui me maintenaient debout, en contact avec le sol. A un moment dans ma vie, j'avais tourné à un croisement et je m'y retrouvais.

    Enfin, j'avais refusé de tourner.

    Le train fonce, il ne quitte pas de vue sa trajectoire et j'ai les yeux fixés sur le carton que j'ai emporté, je m'apprête à dégoupiller la grenade ; on pourrait croire que le train glisse, comme ça, sur ma vie. Tout n'est qu'histoire d'équilibre.

    Maintenant que je suis montée dedans, je peux plus descendre ; je vais devoir ouvrir ce paquet.

     

    A la fois, je sais exactement ce qu'il contient ; à la fois, j'aurais dû l'enterrer dans mes souvenirs, je l'ai posé à un croisement, quelque part.

    J'ai peur de lire ces lettres.

    Oh oui, j'ai toujours eu le goût des risques, mais cette fois, je ne me sens pas prête à tenter le coup ; le passé est encore violent.

    Pourtant, c'est ce paquet de lettres qui m'a poussée à monter dans ce train.

     

    Maéli

    PS : Ma nouvelle chronique (commencée sur Appelle-moi Liberté mais comme je vous l'avais dit, je transfère toute mon activité littéraire ici ;) )


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  • "Alone made of ice", Maldito

     

    J'aimerais guérir, j'aimerais si fort panser mes plaies mais je ne sais pas par où commencer ; j'ai l'impression de prendre sans cesse la rivière à contre-courant, de faire un pas en avant pour reculer de deux.

    Le passé est encore un hérisson entre mes doigts fripés ; le présent s'écaille aujourd'hui.

    Je cherche mon chemin.

    Un peu perdue, entre deux marées, hypnotisée par le flux et le reflux ; mes doigts vont d'avant en arrière sur les cordes de ma guitare. 

    Je ferme les yeux, pour souffler sur la braise, dans mon coeur ; qui vacille et qui crépite, petite pépite.

    Le monde est encore endormi et je suis un songe sur une plage, encore un fantôme ; mais le seul sorti de la réalité. Les embruns me bercent doucement, et l'on se noie dans le sable et les souvenirs se jettent à mon visage. 

    Comme ça, de manière si régulière.

    Vivre avec, on dit.

    Un sourire s'étire, tendrement, sur mon visage et l'on se rappelle de la joie, et l'on met du sel sur nos blessures ; pour que rien ne s'infecte. En espérant que le temps passe, qu'il viendra, de ses pattes de chat, refermer la plaie, avec un peu de poussière d'étoile.

    Ma guitare murmure doucement les rêves de demain et apaise ceux d'hier. Et l'on s'égare se perd, se souvient ; c'est la valse du temps.

    Et quand j'aurais repris cette consistance, que ma guitare parlera plus fort, pour faire vibrer mon coeur et réchauffer le volcan qui sommeille encore ; on dansera sur la plage.

    Si fort qu'on en fera trembler la peur et qu'on réveillera les morts.

    Les navires ne chavirent pas éternellement.

     

    Maéli

     


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