• Je cligne des yeux. Une fois deux fois et à n'en plus compter ; c'est plus fort que moi, ça focalise mon attention.

    Ça m'oblige à ne pas me fixer.

    Dans ma tête, c'est la page "error 404 not found". C'est une page blanche, avec de la ponctuation blanche.

    J'ai enfilé un pantalon et un sweat, en me forçant à ne pas contempler la déchetterie qu'est devenue mon studio. J'ai envie de pleurer, maman...

    Mais plus gênant encore, c'est cette phrase qui me revient sans arrêt "il faut que j'appelle maman". A rythme régulier, elle revient. Comme un murmure au dessus de mon épaule, dans un souffle.

    Je suis un accordéon abîmé.

    Et d'un coup, j'ai envie de tout balancer, et je me dis qu'il faut que j'arrête de penser, alors je sors de mon appart' en coup de vent ; je veux échapper à tout ça. Rien qu'un instant.

    Des gens que je ne connais pas me saluent et semblent attendre que je m'arrête, mais je ne peux pas, je ne peux pas, j'ai cette sirène qui crie dans mes oreilles. Elle braille si fort que je n'entends rien.

    Je piétine devant l'ascenseur et d'un coup, le ciel me tombe sur la tête, une idée, si forte qui me dit que je ne prends jamais l'ascenseur parce qu'il ne marche pas et je me dirige vers les escaliers, pour courir.

    Je pars comme une fusée, si bien que j'en ai les poumons qui brûlent avant même d'avoir fait deux cent mètres ; mais je peux pas rester là, je peux pas m'arrêter et laisser la machine repartir.

    C'est la panique qui s'engrange quand mon corps se tait.

    Alors je cours à en pleurer, je cours à n'entendre que mes pieds sur le goudron, je cours et mon souffle se calme, je cesse d'avoir l'air d'une machine usée par les années, je respire l'air, je cesse de l'avaler ; les boutons s'éteignent, petit à petit dans mon cerveau et le calme revient.

    Alors je m'arrête, sur le bord de la route et je compose le numéro de maman.

     

    Maéli.

    La suite la semaine prochaine ;)


    2 commentaires
  • Je me suis réveillée. Il fait noir.

    Une odeur de cigarette, âcre a râpé ma gorge quand j'ai inspiré, j'ai mal à la tête. Hier soir résonne dans ma tête ; hier soir hier soir...

    Nuage de fumée dans ma gorge et silence dans ma tête ; il y a quelque chose qui frappe contre mon front. Je veux dormir ; dormir dormir, oublier cette sensation.

    Je suis éparpillée dans ces draps, comme perdue en moi, peu à peu la mer se retire et cette sensation de flou recule pour se loger au creux de mon ventre ; maman, qu'est-ce que j'ai fais ?

    Maman...

    Ce mot m'a poignardée ; t'es passée où ?

    Mon regard a essayé de se frayer un chemin dans le bazar de mon appart', il a essayé de relier les images, de les envoyer à mon cerveau, de lui dire ce qui s'est passé ; de secouer ma mémoire.

    Quelque chose me dit que j'ai eu ce que je voulais.

    J'ai étendu mes jambes, j'ai tenté de me lever, j'ai eu envie de vomir. J'ai renoncé. C'est comme si à chaque mouvement, je faisais trembler ces bouts de verres brisés dans ma cage thoracique, et qu'il venait râper riper contre mon coeur, mon fragile oiseau...

    Mon téléphone a sonné, j'ai renoncé à me déplacer ; le répondeur s'est enclenché : "Salut Sophie, c'était ouf hier soir, il faut absoluuuument qu'on se refasse ça !" et elle s'est fendue d'un grand rire. J'aurais bien rit avec elle, aussi.

    Mais je ne me souviens pas d'hier soir. Je ne sais pas qui elle est.

    Et la panique m'a envahie. 

    J'ai essayé de remonter le fil, en vain ; pas même un flash, ni de bruits, ni de sensations. Rien n'est venu. J'ai attendu le reflux de la marée, j'ai attendu. 

    Y a que cette sirène dans ma tête qui a entrepris de hurler de hurler et j'arrive pas à l'arrêter, et elle est trop bruyante.

    Et puis, je me suis regardée dans le miroir. 

    Là, j'ai laissé la panique prendre le dessus.

    Y a un vrai problème. 

    Faut que j'appelle maman.

     

    Maéli

    Peut-être bien que y aura une suite d'ici deux semaines...


    4 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique