• Flottement

     

    On ne sait pas où on va, n’est-ce pas ? Je te regarde par en dessous, faisant tourner et retourner mon verre entre les doigts, sur la nappe.

    Ma vie aussi est une toupie. Parfois c’est le yoyo, les montagnes russes ou tu sais ces graines d’arbre qui tombent comme des hélicoptères ? Toujours est-il que c’est toujours un jeu.

    Enfin, quand on sort du champ de mines qu’ont posé nos sentiments.

    Je me sens un peu flotter, parmi tous ces gens. Le restaurant n’est pas grand, mais il y a ces présences autour de nous, qui créent une sorte de brouhaha ; et pourtant, il y a comme un mur entre nous.

    Ton regard m’aurait-il prise pour m’envelopper dans cette bulle ?

    Le restaurant est différent, cette fois. Epicé.

    Mais on en est encore là.

    Je t’écoute me parler et je voudrais me mordiller la lèvre, j’aime tellement ton accent. Tes s et v qui deviennent b ; et puis cette musique dans ta voix, aussi.

    Alors je me lance un peu et c’est étrange, ce regard que tu poses sur moi. Je ne me rendais pas compte que tu m‘écoutais autant.

    On navigue à vue, n’est-ce pas ?

    Je n’ai pas de papillons dans mon filet.

    Il y a cette étincelle dans tes yeux et cette hésitation aussi ; j’ai l’impression de jouer à la marelle sur les rochers, dans la rivière de mon enfance. J’ai l’impression qu’à chaque instant je peux glisser ;ou attraper un nuage.

    Les espoirs s’écrasent sur la falaise.

    Je n’ai pas su dire à mon capitaine quelle direction prendre ; bâbord et tribord ? Mais qui ne dit pas droite et gauche ? On ne parle pas le même langage, je crois.

    Tu n’as pas le temps, et pour autant tes yeux ne sont pas accrochés à ta montre ; je ne sais que faire, j’ai presque trop d’espace dans cette parenthèse.

    Je me sentirais flotter.

    Le temps n’a pas d’importance ; n’est-ce pas ?

    Mais où va-t-on ? Je n’ai jamais su nager trop longtemps.

    Il me faut un port.

    La colère et la tristesse ont pris la porte, et n’ont laissé derrière elles que deux sauterelles qui ne savent sur quel pied danser. Mes espoirs jouent à la marelle ; ils sont tombés à l’eau.

    On me dit que si je relance les dés, peut être que la prochaine fois je pourrais gagner.

    Les gouttelettes ruissèlent et le soleil danse dans leur cœur ; et d’un coup il n’est plus temps, il faudrait courir pour que je parte. Et d’un coup, tu me dirais presque va-t-en comme pour retenir quelque folie ou quelque angoisse.

     

     

    Je serais bien restée plus longtemps.

     

    Maéli

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