• https://www.youtube.com/watch?v=CR-Gz3FvxnQ

     

    L’automne frissonne au-dehors.

    J’ai comme un poids dans la cage thoracique. Le froid s’installe ; il regarde, avec ses petites mimiques supérieures l’empire de la nuit s’étendre sur la campagne.

    Les feuilles sont rouges, jaunes ou vertes ; envolées ou marron. Elles tapissent le sol. On dirait le miroir de mes émotions.

    Mes doigts se baladent sur le clavier, mais mon cœur est ailleurs. Mon regard s’égare, les yeux fixés sur la fenêtre ; mais je voudrais voir à des centaines de kilomètres, mais je voudrais sentir ta chaleur ; voir ton cœur.

    J’ai encore chaud de la tisane que j’ai bue, mon radiateur intérieur. Le silence en moi s’étire. J’arrive pas à me concentrer, je commence quelque chose puis quelque chose d’autre encore, sans jamais terminer.

    J’allumerai bien une bougie ; un murmure posé dans l’espace.

    Le gramophone tourne et sa voix plaintive s’étire dans l’air, pareille à un chat qui sort de son sommeil ; on entend ses os craquer parmi le silence. La note se pose, en équilibre ; la voilà qui esquisse un pas, avec une douleur pour cavalière.

    Celle que font des petites aiguilles qu’on enfonce et qu’on retire ; des petits picotements.

    Celle de l’espoir qui s’affaisse, le temps d’un instant.

    Un frisson descend le long de ma colonne vertébrale.

    Mon cœur est ailleurs. Il se rêve en ta compagnie, je crois. Mes rêves s’éparpillent sous mes doigts encore pleins de peinture.

    Maman passe dans le couloir et le parquet craque. Elle descend les marches. Je me sens égarée. Papa rentre du jardin, il a réparé le cabanon.

    Il parait que j’ai du talent. Que mes rêves sont là, à portée de main. J’en rêve si fort que j’ai peur qu’ils ne s’évaporent ; mais il me suffit d’un rien pour vaciller et la maison qu’on croyait solide s’effondre, dans un silence.

    Je m’effraie moi-même, à détruire toute seule l’espoir ; à contre courant de ce que je veux vraiment. Mes mots saignent sur la feuille ; pixel derrière mon écran.

    Il parait qu’il faut faire une chose après l’autre, et les tambours succèdent à la guitare, sa voix s’élève, s’élève et la voilà qui rechute et je me demande comment ce chanteur est-il allé au bout de son rêve ?

    Je n’ose plus dire que tu me manques ; je tremble un peu, à l’intérieur de moi, maintenant que je sais ce que j’avais caché sous les draps.

    Cette voix se mêle à l’automne et mes émotions remontent à la surface. Ce manque de confiance, ce manque de toi, ce besoin d’amour ; mes peurs se battent avec ce dont je rêve, avec ce qui me rend vivante. Jusqu’ici, malgré de courtes défaites, la peur a gagné ; sous mon regard désemparé, mais quelque part rassuré.

    Je rêve de liberté, mais quel danger ; je rêve d’être publiée, mais quelle nudité.

    Le piano s’y met et les hurlements sous mon crâne défient le silence de mes pensées ; c’est une mutinerie intérieure, sans cesse.

    J’ai cherché le bonheur dans le passé, puis dans les placards, j’ai même essayé les magasins et les brocantes ; je ne l’ai trouvé que dans l’instant, juste au-delà du fossé de mes peurs et dans les bras de mes élans du cœur.

    Mes doigts courent sur le clavier. Ne pouvais-je pas naître ordinaire ? Il a fallu que je veuille être spéciale, originale ; extraordinaire. Il a fallu que je me rêve soleil, liberté, artiste, aussi et puis étoile,  beaucoup. Il a fallu que je sois exigeante, que je refuse de mettre un masque ; et pourtant, je m’accroche aux derniers vêtements.

    Il a fallu que je pense que quoi que je fasse n’est pas assez bien.

    Une pensée me traverse, pour cette amie qui n’en est plus une, et je te souhaite le bonheur du monde et tu me manques et la nuit pleure sur nos deux cœurs séparés.

    J’ai fait mon lit hier matin, pour me rendre compte que j’étais tombée amoureuse ; presque par mégarde. J’ai fait du tri dans mes vêtements, pour me rendre compte que j’avais caché beaucoup de talents aux yeux du monde ; et à moi-même, surtout.

     

    Je me suis réveillée à l’aube, et quand j’ai regardé le soleil, je me suis dit que j’aimerais bien m’autoriser à vivre cette vie qui me fait rêver.

     

    Maéli


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  • On joue à je m'en vais mais reste. Oui, reste encore un peu. 
    Ta peau. Ta voix. 
    Je t'aime moi non plus mais, je t'en prie, ne pars pas.

    Et si c'était toi ? 
    En suspension dans l'air ; une parenthèse entre  mon cœur et la réponse.
    Je me sens sur les planches du théâtre à jouer à Roméo et Juliette comme si nos familles ne voulaient pas que l'on soit ensemble ; comme si l'on pouvait trouver d'autres coupables à notre situation que nous-mêmes.
    Une étreinte à mon monde intérieur, pareille à une angoisse qui voudrait s'agripper ; je ne rêve que d'envol. 
    Prends-moi dans tes bras ; juste pour une fois. On pourra faire comme si rien de tout ça n'était arrivé, c'est promis. 
    On pourra jouer nos et si sur la table et coup de poker, il est encore temps de faire machine arrière.
    Le ciel est clair au-dessus de ma tête et le monde tourbillonne autour de moi ; pigeons, enfants et parents. Le métro démarre, déverse la foule sur le quai, sonne et s'en va. Je ne suis pas montée.
    Je me sens un peu claustrophobe aujourd'hui. Le pied entre deux marches, avec mes talons ; et il y a cette angoisse insensée qui me prend de ne pas trouver la marche suivante sous mes pieds.
    Reste. 

    Un murmure. Mes cheveux dansent autour de mon visage et je les secoue dans l'espoir de ne pas en faire mon repas. J'aimerais rugir, d'un coup. Je me sens forte en même temps que fragile. Un petit paradoxe de rien du tout. 
    Mon regard passe sur les immeubles et les trottoirs, les arbres aussi ; mais c'est le ciel que je cherche.
    Ou alors, emmène-moi avec toi comme dans ces rêves que tu décrivais ; ailleurs me suffit, alors choisit. 
    Un ailleurs comme tu sais si bien les faire ; avec ce goût de nouveauté sur la langue et cette brindille d'innocence dans les mains. Emmène-moi où tu voudras.
    N'est-ce pas que nous jouons encore ? 
    A tâtonner, à apprendre à s'aimer ; tu peux ouvrir les yeux sans être effrayé, la pellicule du temps se déroule sans s'arrêter mais mon cœur ne t'a pas quitté.
    Quelle étrangeté ; avoir peur de perdre sans posséder, sans même d'avoir une simple assurance. 
    Je suis dans l'accordéon d'un tramway qui tourne sec ; il me faut garder l'équilibre. 
    Ce matin, il y avait des cartes sur la table, et parmi les je t'aime un peu beaucoup à la folie pas du tout, j'ai enfin regardé celle que j'avais dans la main.
    Reste. Encore un peu, au moins.

     

    Maéli


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  • Il parait que les contes pour enfants ne sont que fiction. Que le prince charmant n’existe pas, que les je t’aime sont surfaits car on les jette trop vite, comme on lancerait des filets dans l’espoir de garder l’objet de l’amour.

    Il parait que l’amour avec un grand A n’existe pas.

    Je te regarde de l’autre côté de la table, en triturant ce verre ; lui faisant faire des cercles concentriques sur la table. Je me mords les lèvres. Alors tout ça ne serait que du vent ?

    Je te regarde et j’aimerais dire au monde la chance que j’ai que tu te tiennes là, juste en face de moi.

    Je ris encore une fois, histoire que mon bonheur résonne dans mes oreilles ; tout le reste prend la fuite.

    Mes pieds frappent le pavé et c’est étrange comme cette étincelle dans mes yeux se reflète dans les tiens aussi ; cet effet miroir...

    Le bonheur plane sur mon cœur ; où mon cœur touche du doigt les nuages ?

    J’en perds mon alphabet ; l’ineffable serait plus facile à décrire.

    Il paraît qu’espérer c’est se confronter à des désillusions ; il parait qu’aimer ça fait souffrir.

     

    Ton bras frôle le mien. Tu comptes sur mes doigts le temps qui passe. Les il parait sont tombés comme des dominos ; parce que cela fait bien longtemps que je ne me suis pas sentie aussi bien…

     

    Maéli


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  • Okay, jusqu’ici je n’ai pas dit toute la vérité.

    J’ai cette boule dans ma cage thoracique et j’ai peur de ce qu’elle pourrait vouloir me dire.

    Et tu me regardes, de l’autre côté de la table et tu me dis que les moules sont pas mal et moi je te réponds qu’elles sont bonnes mais trop salées.

    Sous mon crâne, c’est la même fanfare. Mon cœur est entré sur le ring. Je plane.

    Mais il y a un coin, qui fait l’inventaire de ce que j’ai couché sur le papier. J’ai peur que tu m’abandonnes, j’ai peur que tu me rejettes, j’ai peur que tu ne m’aimes pas. Mais qu’est-ce que ça fait noir sur la feuille...

    Et je me revois encore tout balancer sur le papier. Le soleil brille dans nos cheveux et je pense à l’été ; mon cœur virevolte.

    Je souris et nous marchons, toi à mes côtés ; mon cœur danse.

    J’ai peur de rejouer ce cinéma qui m’a détruit l’an passé ; ce je t’aime moi non plus. Ce comportement obtus et puis, la présence qui vous délivre et qui vous rend heureux. Et puis la distance qui claque la porte ; parce qu’il m’a tour à tour balancé le silence et l’indifférence sur mes plaies grandes ouvertes.

    Et tu baisses la tête et nos cheveux se mélangent, les miens, blonds et bouclés, les tiens, aussi noirs que l’ébène. Tu décroches un sourire à mon cœur. J’aimerais bien rester comme ça.

    Je ris, encore une fois.

    Tu comptes de nouveau, en posant les pièces au creux de mes mains. J’aimerais bien figer cet instant.

    Tu sais, je t’ai pas tout dit. J’ai vu quelqu’un dans tes yeux que je peux pas laisser partir.

    Il y a un monde fou, Montmartre un jour de grand soleil et ta main au creux de mon dos me pousse doucement, par à coups ; j’aimerais bien que tu la laisses là.

     

    Et l’on se frôle, et le soleil danse au-dessus de nos têtes ; et personne ne veut partir. On dirait que tes yeux ont fait fuir mes peurs. Nos deux regards se mêlent et j’aimerais juste être maintenant.

     

    Maéli 


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  • J’ai fait un cauchemar la nuit dernière.

    Tu n’étais pas là, tu avais disparu de sous les draps.

    J’ai fait un cauchemar, hier soir et j’étais seule sous la couette.

    L’obscurité de la nuit m’a réveillée, on a dû allumer des lampadaires dans la rue ; la lumière artificielle m’a brûlé les yeux.

    J’aurais dû me recoucher, je crois, mais la solitude et la peur me tenaient en joue. On m’a dit qu’il fallait vivre sa vie, et tant pis pour toi, tant pis pour nous ; sortir le drapeau blanc et enterrer l’espoir alors que rien n’est fini.

    Le silence a ricoché contre les murs et j’aurais bien aimé ton murmure, pour me rappeler que tout va bien.

    Mais il parait que je dois mettre dans un tiroir l’espoir. Qu’il faut détourner le regard de ce futur-là et déposer l’amour sur le bas-côté ; il a fait ce qu’il a pu.

    Cette pensée me déchire un peu, comme les pages d’un livre auquel on tient ; sans faire exprès, c’est rien. Tu aurais du faire plus attention. Je soulève le menton et déglutis, pour échapper à ces émotions qui font leur nid dans ma cage thoracique.

    Scanner le sol à la recherche d’un bouquin. N’importe quoi qui pourrait m’apaiser, n’importe quoi pour me rendre à Morphée. Si je ne peux avoir tes bras, alors je veux les siens.

    J’avais pas prévu d’en arriver là et je suis face aux panneaux de direction ; il faudrait dormir pas choisir se tourmenter.

    Les mots dansent devant mes yeux et paraissent ne plus faire sens. Je ne parle plus ma langue ; mon cœur crie quelque part que je l’ai mis à la porte. On était pas censés s’engueuler tout les deux.

    Ça aurait dû marché.

    Tu n’as pas su l’aimer assez fort. Ou le lui montrer. Tu n’as pas su te laisser aimer.

    Les reproches pleuvent, orage en plein silence. J’aimerais m’abriter et attendre que ça passe mais même mon livre ne me fait pas de place pour un voyage.

    On me dit de ne pas regarder en arrière et se demander ce que j’ai mal fait ; mais je n’arrive pas à voir demain sans toi. Où veux-tu que je pose les yeux ? Maintenant a perdu de sa saveur.

    Même mes rêves ne me suffisent plus pour me lever. Comment ça, ça va passer ?

    Je veux pas être là, comme ça, sans toi. Je veux pas faire un pas si tu me dis pas qu’à la fin de l’histoire on sera deux.

    Je veux pas sentir cette douleur dans mon cœur ; j’ai peint, aujourd’hui et toutes les couleurs de mon aquarelle ont éclaboussé la feuille. Quel monde insensé.

    Il parait que je ne devrais pas m’en vouloir. Mais il a fallu que le sol se dérobe sous mes pieds pour que me revienne en plein visage ce que j’avais su depuis le début.

    Tu me manques.

    Cette pensée me donne la nausée ; comment j’ai pu me mettre dans une situation pareille ? On aurait pas dû se louper.

     

    Je m’enfouis sous la couette, Morphée, réchauffe-moi.

     

    Maéli 


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  • Il parait que rien ne dure.

    Ni l’attente ni la douleur ; ni même le désespoir.

    J’ai un regard pour les nuages gris, qui planent, ras au-dessus de ma tête. Je frissonne. Je m’entoure de mes bras ; si le monde est décidé à être froid, alors je me réchaufferai.

    Note pour l’hiver : trouver mon soleil intérieur si je ne veux pas finir congelée.

    Un corbeau coasse dans le ciel et je lui donnerai bien la réplique ; forêt de pins en pleine ville. Un cerf brame dans un monde parallèle et je lui rendrai bien la pareille. Il paraît que les loups hurlent quand ils sont seuls, que l’écho de leur cri se reflète sur la Lune et qu’ainsi, les étoiles vibrent de leur solitude ;

    et si, par hasard, au matin tu retrouves des perles d’argent sur les fleurs et les feuilles, c’est la poussière de météores qu’elles ont fait tomber, secouées par le chagrin des loups.

    Je donnerai bien un coup dans un mur pour voir quel genre de poussière tomberait.

    Il parait qu’il ne s’agit que de moment. Qui, une fois regardé au travers du télescope du temps, m’apparaîtra comme une nécessité, un instant à passer pour aller vers quelque chose de mieux ; une expérience.

    J’entre dans la salle de cours, pose mes affaires sur une table au hasard –seulement pas trop près des rangs de devant, pour ne pas faire l’objet de trop d’attention. Je déballe mes affaires mais ce sont mes émotions qui surgissent du sac.

    Elles m’ont prise en grippe.

    On danse le tango et je m’emmêle les pieds tous les deux pas ; il parait que je ne suis pas une cata, que c’est simplement une question d’entraînement mais je commence à en avoir ras la casquette.

    Bourrasque dans la classe et une masse de personnes s’infiltre. Je joue au poker avec ton visage ; il est sous mes paupières et il joue à cache-cache.

    Il parait que je ne suis pas égarée.

    Je lève les yeux au ciel et ouvre ma trousse, les oreilles et l’attention toute disponible à ce qui va se dérouler autour de moi. Je perce la bulle, tu te mets de côté. Et même si je sais que quand je vais rallumer mon écran, il y aura cette moue que tu fais toujours quand tu prends des photos, il y aura aussi mon éclat de rire et nos souvenirs ; tu as la décence de te mettre dans un tiroir.

    C’est l’hiver et je me défeuille avec les arbres.

    Mes émotions se lancent dans une ronde avec le vent ; ô, doux enfants, allumez les torches car la nuit s’approche. Le doigt sur les lèvres, la voilà qui s’avance, insolente cavalière pour un cœur à la dérive ; je voudrai lui poser une question, mais le brouillard, lui aussi, pose les pieds sur le piano.

    Comment est-ce devenu si compliqué ?

    Tu me manques. Il a fallu une goutte dans la rivière et mon ciel se déchire en deux ; on y découvre un océan qui s’écroule sur terre. Il s’en était fallu de peu pour enterrer ces mots.

    Debout, sur le quai, j’attends mon métro. La journée est finie mais personne n’attend à la maison. Mon cœur se serre, un peu. J’aurais bien aimé entendre ta voix. J’aurais bien aimé connaître la chaleur de tes deux bras.

    On est comme deux étrangers dans la même ville ; c’est étrange de te voir si peu.

    C’est étrange qu’il m’ait fallu temps de temps pour ouvrir la coquille et te regarder de nouveau dans les yeux.

    Tout se fissure un peu, mais tu n’es pas là, les portes du métro hurlent et se verrouillent ; je me recroqueville dans mon intérieur, je m’assois et je sors un livre. Pas encore là.

     

    On espère.

     

    Maéli


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