• J'ai décidé

    https://www.youtube.com/watch?v=qjgnOP8f5NU

     

    J'ai décidé d'arrêter d'avoir peur ce matin.

    Je marchais, mon sac à la main, sur le rebord du trottoir ; la tête un peu ailleurs et les pieds sur terre, à tenter de rester en équilibre. Perdue dans l'espoir, à faire de la balançoire, entre hier et demain, maintenant et plus tard, le monde extérieur et celui bien plus prenant à l'intérieur.

    Les décorations de noël n'étaient pas encore allumées, jour de grisaille sur Paris. Façon caméléon les nuages se sont fondus dans le décor ; on s'était engueulés avec l'amour hier soir. 

    J'avais crié la première. Mais qu'est-ce qui te prend de me déchirer comme ça ? 

    C'était stupide comme dispute.

    Encore une fois, la douleur venait mettre son nez dans mes affaires. Les vieux fantômes ont surgi de leur tiroir sans que je n'y prenne garde et je les ai laissé me prendre par surprise.

    C'était vraiment idiot. Je me suis sentie déchirée en deux et j'ai griffé sans regarder.

    Alors forcément que je t'ai blessé aussi. Tout ça pour quoi ? Parce que j'ai passé mon existence à me sentir rejetée par les hommes ; mon père le premier. 

    Est-ce que c'était ta faute ? Absolument pas

    J'étais dans mon lit et les mots dansaient devant mes yeux ; ils auraient dû faire sens, mais il y avait en moi comme une bête féroce qui s'agitait. Elle a réduit en poussière mon intérieur. 

     Les garçons pensent que je suis parfaite ; et tu sais la peur qui m'étreint en secret, le soir ? Mais qu'est-ce qui se passera le jour où ils découvriront que je ne le suis pas ? 

    Hein, dis-moi ? 

    Tu me dis que je suis merveilleuse mais j'ai peur qu'un matin je me réveille et tu ne sois plus là. 

    Je suis descendue prendre l'air et j'ai tout posé sur le bord de la route. J'aurais voulu dessiner mes blessures dans le ciel, car mes crayons m'ont toujours guéri, mais un murmure a empli mon cœur ; j'avais été entendue.

    J'ai décidé d'arrêter de me faire du mal, ce matin. 

    Rien de tout cela n'avait de sens. J'ai posé des points à la fin des phrases et sur les i s'il le fallait, j'ai demandé pardon au trésor que j'avais blessé dans cet instant d'inconscience.

    Et je les ai laissés partir. 

    J'ai compris que s'ils avaient mal, ce n'était pas ma faute ; ils avaient franchi la limite, 

    j'ai compris que si je lâchais prise, alors tout serait plus simple ; le passé s'est défroissé au creux de mes mains, je n'en veux pas à toutes ces âmes qui m'ont marquée hier, avant hier, il y a dix ans ; tout est plus simple pour maintenant et demain si tout est clair avec hier. Il ne viendra pas me sauter au cou quand tout va bien. Il a fait son temps.

     

    Je me suis sentie beaucoup plus légère ce matin. 

     

    Maéli

    « Lettre à un mirageLettre à mon diamant »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :