• Je tourne la cuillère

    Je tourne la cuillère dans mon café. Je touille, je touille. Je remets un peu de sucre, aussi. Si bien que je vais finir par boire plus de sucre que de café.

    Je croise, décroise les jambes sous la table.

    Depuis quand j'ai laissé mon coeur à un tournant ; sur le bord de la route, je l'ai éjecté pour un de ces modèles que tout le monde a.

    On va pas se voiler la face : ça n'a pas marché. Un échec cuisant que diraient les entraîneurs de mon frère.

    Je serais pas là, autrement ; à fixer une page blanche avec la trouille aux tripes. Angoissée, à l'idée d'avoir perdu pour toujours l'équilibre, le serment, le miracle et la malédiction ; terrorisée, aussi à l'idée d'avoir coupé le fil qui me relie du ciel à la Terre. Mon bout d'éternité.

    Le soleil pointe son nez parla fenêtre et vient se poser sur ma table ; sa chaleur caresse ma main. Lui aussi semble attendre que je lâche prise. Si je devais peindre, là maintenant tout de suite, je prendrai toutes les couleurs et je les exploserai sur la toile ; je mettrai les mains les doigts les pieds jusqu'à avoir tout évacué.

    Jusqu'à ce que j'ai délesté complètement la montgolfière.

    Je me mords les lèvres. Le serveur passe une énième fois en me frôlant, regardant sans aucune discrétion dans ma tasse ; une heure que je suis là et je n'en ai pas avalé une goutte. Mon café doit être froid maintenant ; je n'y avais pas songé.

    La peur est tapie dans les recoins de mes pensées ; j'ai une trouille monstre de ce qui va sortir.

    Pourtant, je l'ai compris ; il faut écrire.

    J'ai avalé cul sec mon café -que j'aurais bien recraché- et j'ai monté le volume de la musique intérieure. Le monde, autour, a soudain disparu.

     

    Maéli

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