• "Disfigured"? Rag'n'Bone Man

     

    La brume se soulève, doucement. La brume reste. Elle s’accroche dans las mailles de mon pull ; elle traîne, dans mes poumons.

    La brume m’aveugle.

    Je fais un pas, un autre ; deux. Je marche en équilibre sur un tronc d’arbre. Je trébuche je tombe je m’écorche je me relève. Ça ne fait pas mal. La douleur n’a rien à voir avec ça.

    La douleur, c’est ce vide ce déchirement ce hurlement ; ce silence. Violence.

    Je frissonne. Je suis cette boue, là ; dégueu, qui colle, qui glisse, qui tombe sans cesse. Je suis cette putain de gadoue dont on ne se relève pas.

    Ses mots s’accrochent à ma peau. Je me sens sale.

    Je me cache. Je trébuche encore. Autant que je reste à terre, je tomberai de moins haut. Prostrée, dans ma saleté, au moins rien de pire ne pourra m’arriver. Rien de meilleur non plus. A quoi bon rêver ? Si les princes charmants se la retournent salopards, le temps d’un soir.

    Ahaha alors c’est ça, aimer ? Pouvoir tout donner à quelqu’un qui, quoi qu’on fasse, nous crachera à la face. C’est beau.

    Je me déchire en deux. L’amour, ce ciseau, ce coup de poing, l’amour qui vous taillade quand vous vous y attendez le moins ; et on les laisse nous faire du mal. On les laisse nous faire croire que c’est normal.

    Mais sur quelle planète on vit ?

    Merde alors, les bouts de mon cœur tombent par milliers sur le sol. Je suis comme ça. Pas stable, vulnérable ; au bord des larmes. J’essaye de ramasser le cristal, mais mes mains finissent pleines de sang.

    La brume des souvenirs ne nous quittent jamais. Sa voix résonne encore dans mon crâne, parfois, quand je me regarde dans le miroir. Elle me met des limites et des complexes.

    Ses menaces, sont, quelque part, insidieuses ; elles dorment dans mes pires cauchemars.

    Je me recroqueville. Les bras autour des jambes. Mes épaules tremblent ; ça fait longtemps que je ne sais plus si c’est la pluie ou moi qui pleure. A croire que j’avance pas. Je me sens sale.

    J’ai honte, merde.

    Depuis quand ce sont les victimes qui ont honte et les criminels qui paradent ?

    J’aurai bien mis mon poing dans quelque chose. Ma tête heurte violemment le tronc d’arbre.

    Moi qui me croyais libre quand je l’ai quitté. Il a laissé sa marque, faut croire.

     

    L’amour c’est pas violent comme ça.

     

    Maéli

    Aujourd'hui, j'ai fait un tour sur un site qui s'appelle "Paye ton couple" et j'ai été traumatisée. Le harcèlement dans la rue, les femmes connaissent. Mais jamais j'aurais imaginé que dans un couple il puisse y avoir autant de violence -même verbale.

    J'aurais jamais imaginé que tant de femmes se faisait violer, et que ça ne posait pas de soucis à leur copain. J'aurais jamais imaginé que tant de femmes, par amour pour quelqu'un puisse se laisser détruire d'une manière pareille.

    J'aurais jamais imaginé les menaces qu'on peut recevoir, pour dire non. Et la peur de dire non, la culpabilité, bien entretenue par certains gars, quand on dit non. 

    Vous êtes merveilleuses. Indépendantes. Votre corps vous appartient. Et dire non, quand on a pas envie, c'est pas une honte : c'est NORMAL. Ce qui n'est pas normal, c'est qu'un mec vous fasse la gueule, vous insulte, vous force parce que vous avez dit non.

    Parce que j'en ai marre que les gars parlent de viols comme si c'était anodin. J'avais besoin de péter un léger câble.

    Parce que je voulais appuyer un peu le travail de toutes ces pages féministes qui essayent de sensibiliser le public. Alors pardonnez-moi à tous ceux qui l'ont vécu, parce que j'y connais rien. Mais j'ai essayé, après avoir lu tout ces témoignages, d'écrire. C'est un véritable problème. A bas les tabous, merde. A bas la violence.

    L'amour c'est pas ça. Les rapports humains, c'est pas ça.

    Bien à vous, 


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  • C'est ça, hein ?

    Aujourd'hui demain hier et dans trois ans, on se retrouvera au même point, hein ? 

    On se retrouvera en tête à tête avec la même litanie ; t'es-trop-gentille-faut-pas-c'est-dangereux, putain-la-vache-t'es-trop-sensible-faut-que-t'arrêtes, mais-c'est-pas-ta-faute, merde

    pas ta faute s'il est parti et si lui aussi, si l'autre a pris la poudre d'escampette, s'il t'a oublié ; c'est pas ta faute s'il t'a menti si t'as échoué si tu t'es fait recaler c'est pas ta faute s'il est dans la rue c'est pas 

    ta 

    faute

    On va se retrouver à faire la fête avec ces cocos qui gueulent sur la musique arrête de voir sauver le monde pense un peu à toi mais putain t'as tout tu cherches quoi ; moi je veux du fric, le bonheur l'amour le bien, quoi ? Mais moi ça me va d'aller à Moscou à Monaco à Washington avec mes valises pleines de billets et de courir tout le temps et de de ne pas avoir 

    de temps justement 

    pour les gens que j'aime ; mais au moins je serais in dans les galas dans les fêtes, on sera entre gens blindés de fric 

    et on se fera détesté par notre arrogance ; et l'on n'oubliera qu'on vient de là jusqu'à être seul avec nos billets

    On va se retrouver en duel à escrimer avec ces gens qui font pas parti du même monde -oh que vous avez rêvé d'y entre, mais ils vous ont jeté, parce que c'était pas suffisant, vous êtes pas suffisant, vous avez pas assez envie d'entrer- ces gens qui vous diront ; la paix dans le monde ? Ouais grave, c'est vraiment important, faisons des collectes pour les africains, hein, et puis ont va acheter tous leurs ports ; t'inquiète on va s'en faire de l'argent

     C'est ça, hein ? 

    On va se balader de la chambre au salon de Rio à Rennes avec nos cœurs lacérés à essayer de réveiller le monde, quand la senteur de l'argent a déjà embarqué l'assemblée.

    Parfois, ce monde me dégoûte.

     

    Maéli


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  • Il m'a vu farfouiller dans mon sac, il s'est arrêté. Le métro a ralenti, ça a un peu secoué ; il s'est accroché à la barre de métro. Il a l'habitude des secousses.

    Au son des mes mots, il s'est ému. J'ai fouillé encore plus fort dans mon sac ; j'aurais voulu enfouir mes émotions à dix mille lieues sous la terre

    là où rien ne peut plus m'atteindre là où cet homme est bien au chaud

    Quelque part, où il serait à l'abri, quelque part où sa journée aussi serait terminée ; où il n'aurait plus froid, le soir où on le regarderait dans le métro où il ne passerait pas sa journée à raconter ses malheurs pour arracher un petit quelque chose aux statues de cire qui ferment doucement leur cœur

    J'ai déposé mon cœur dans sa main, il a tinté, comme des petits bouts de verres qui tombent sur le sol, s'entrechoquent ; le voile du ciel m'est tombé sur les épaules

    J'ai essayé de fermer les portes, encore et encore ; il a posé une main sur son cœur merci, ce que vous êtes gentille qu'il a dit et le monde s'est renversé, j'avais la tête à l'envers

    je tenais plus très droit ; je suis pas très stable comme fille 

    Parfois, je me demande comment ils font tous ces gens assis, qui font semblants de ne pas nous regarder ; ils doivent avoir un blindé, une cuirasse qui nous suit partout et qui demande des droits d'entrées 

    ils ont trouvé ça où ?

    Parce que moi, je me déchire en deux, à chaque personne sur le bord de la route ; je tombe en lambeaux aux disputes à la haine la colère dans la rue ; pour un sourire un merci un allez y, j'attrape le soleil, quelque part, dans ma cage thoracique.

     

    Maéli


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  • Je suis tombée de mon lit ce matin. J'y aurais bien creusé un trou pour m'y enterrer. C'est la radio qui m'a réveillée ; la radio et les nouvelles.

    Il y a des choses que j'avais prises pour acquises et qui sont tombées des étagères ; la Terre tourne autour du soleil, les Etats Unis sont une démocratie, et jamais ils ne se lèveront contre nous 

    parce que nous sommes aussi libres qu'eux

    et jamais ils ne fermeront les portes

    parce qu'ils sont une terre sans couleur ni condition

    Je me suis sentie comme un matin de 14 en Amérique, avec ces gamins et leurs journaux qui crient dans les rues "L'Allemagne a déclaré la guerre à la France", avec cette frénésie ; je me suis sentie comme en 14 en France "l'Allemagne a envahi la Belgique", avec ces visages atterrés

    la guerre viendra donc jusqu'à nous ?

    Je me suis réveillée et j'aurais aimé me recoucher.

    Je veux pas entendre parler politique. Je veux pas entendre dire qu'ils ont choisi la discorde la haine le sexisme et j'en passe à ; à quoi ? A moins pire, peut-être.

    L'espoir a chancelé.

    Il s'est réfugié au fond d'un tiroir.

    Je veux pas me dire que ça a touché plus de monde que les gens qui meurent à nos portes ; en espérant l'El Dorado et en quittant l'enfer.

    Je veux pas d'un monde comme ça.

    Un voile est tombé sur le monde ; il faut y percer les étoiles, à coup d'amour et d'espoir. 

    Je veux pas me dire qu'il peut appuyer sur un bouton qui pourra rayer un, eux, trois pays de la carte ; je veux pas penser à ce qui pourrait arriver chez moi, dans six mois. Je veux croire que les hommes apprennent des erreurs des autres.

    Je veux croire qu'on pourra tous vivre en paix, un jour ; unis

     

    Maéli

    Désolé pour l'article à caractère un peu politique, mais j'en avais besoin...


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  • Y a comme l'envie d'écrire qui s'est barrée ; y a comme un brouillard dans ma tête qui s'est infiltré, il a bouché entrées et sorties et me voilà prisonnières

    L'encre coule coule c'est l'hémorragie interne et le docteur peut rien y faire

    Je suis un parapluie danseur immobilisé sous la chaleur du soleil d'été, une perle d'Orient égarée en Occident ; un paratonnerre au coeur brisé.

    C'est ma tête qui tourbillonne en disant peut-être que tu devrais faire ça et mon coeur traîne des pieds ; c'est dev'nu un boulet.

    Alors on attend demain...

     

    Maéli

    La suite d'Amnésie dans la semaine, pour sûr ;)


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  • Pourquoi tes yeux mentent comme ça ?

    La rivière dans mon coeur s'est rouverte.

    On fait tous des choix. Tu peux remballer ta pitié, je serais pas la roue de rechange, qu'on huile bien au cas où, mais substituable, hein. On me garde pas sous la main si jamais et on m'étouffe pas comme ça t'arranges.

    Je suis pas une poupée.

    Tirons notre révérence, murmure mon coeur, voici mon chapeau voici mon drapeau ; tu veux la maison les meubles la voiture ? 

    Ma blessure est mon affaire, prends donc mes habits, ce dont tu as besoin, mon sourire est mon seul diamant. Alors, maintenant, va-t-en.

    Les branches de l'arbre craquent sous les hurlements du vent, personne n'en voudra à personne.

    C'est toujours la même chose, hein ?

    Dites-moi où est le problème, pour une fois.

    C'est à croire que vous pouvez même pas vous regardez dans un miroir.

    Vous me vendez des sourires et des couteaux passent sous les manteaux. Tu m'as prise dans tes bras pour me passer à tabac.

    C'est la faute à personne, hein.

    D'un coup, mes ailes sont lourdes et l'on se demande si la boussole nous lâchera pas ; d'un coup, les nuages balayent tout et emportent l'espoir que je tenais à bout de bras ; je suis aveugle.

    Mon navire pleure sa peinture, la coque se craquelle et encore une fois personne ne me dira pourquoi. Encore une fois, on me dira que ça n'a pas suffi. Personne me dira pourquoi mon coeur est plein d'amour pour toi quand le tient sonne creux quand je frappe à la porte ; ahah encore du vent qui souffle et qui m'emportera.

    On bricolera -mon coeur et moi- des radeaux sur le levant, et puis tant pis. Ça nous apprendra à être si sensible, à aimer si fort, à tout donner dans un sourire.

    Mais on s'arrêtera pas pour autant.

     

    Maéli

    Besoin de lâcher du lest.

    Si c'est pour vous, vous le savez forcément.


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