• Lettre à mon grand-père

    Depuis combien de temps as-tu quitté la Terre ?

    Les feuilles frémissent sous les assauts du vent, ce soir, la musique fait rouler les instants, les secondes s'écoulent, doux murmures qui me défient de les attraper ; les as-tu jamais figées ?

    L'après, ce sont des désirs qu'on n'a jamais eu quand t'étais là, l'après, c'est des "il aurait voulu que", l'après, c'est des actions pour toi ; l'après c'est une vague qui nous a emportés et qui refuse de nous ramener.

    Le rivage.

    Cette nuit, les chuchotis des morts caressent ma peau, je frissonne, combien d'autres sont là, assis à regarder les étoiles dans l'espoir que l'une d'entre elles brillera aussi dans not'e coeur, que l'une d'entre elle veille sur nous ?...

    Est-ce que tu vas bien ?

    Je rêve, je m'évade, je peux plus rester concentrée des heures, je suis obligée de partir, le courant de mes pensées est plus fort, il faut que j'atterrisse, que quelqu'un frappe dans ses mains, il m'habite ; je l'ai dans les veines, tu sais.

    Uns à uns, comme des bombes qui explosent, les guerres se déclarent, comme une musique où les instruments démarrent, je veux pas de ce monde, papi ; pas un monde où la partition de la vie, est une succession de gens qui s'écroulent, où les batteries sont nos artilleries, où nos frères meurent dehors et d'autres partent mourir.

    Il fait frais, à l'extérieur...

    Dis-moi, où tu es tu n'as pas froid, tu n'as pas faim, tu ne manques de rien ?

    Pourquoi a-t-il fallu que j'attende de grandir pour te montrer que je t'aimais ??

    Juste un câlin, donne-m'en juste un ; je t'en prie.

    Ma raison déraille, as-tu jamais su pour mon coeur suicidaire -mon coeur ouvert ?

    Je suis sur un nuage, sur un fil, je choisis, je tombe, je m'écroule, je m'enfonce, me relève, souris, tout ira mieux demain ; je pense à toi.

    Tu sais, on a parlé aujourd'hui, papi, et toute cette douleur, ça m'a perforé le coeur, mon train a quitté les rails ; mais le sien ? 

    Imagine sa vie trouée comme un gruyère, son coeur perforé par les guerres, par la peur, sa famille, tombée pour croire, croire autrement que ceux qui ont le pouvoir, sa couverture qui glisse, le vent qui souffle, le bateau qui va droit, la dérive la terrifie ; où ira-t-elle ??

    Papi, dis-moi, comment peut-on permettre ça ?

    Tu dois tout savoir, maintenant ; ils ont réchauffé ton coeur, tu vas mieux maintenant ?

    Tu me manques, tu leur manques, papi, tu sais, ils font n'importe quoi sans toi, les mots éclatent, leurs liens ne sont que lambeaux, je ne veux pas perdre mon sang, je ne veux pas, ta mort n'aurait pas dû détruire mais réunir ; non ?

    Papi, rien ne va droit, t'y peux rien, mais rien ne va droit ; je fais comme sans toi ?

    Et quand t'étais là, la question se posait même pas...

    Ils t'ont englouti de bonheur, là où tu es ?

     

    Ps : Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai.

    J'espère que tu es heureux où tu es.

    PPS : Je suis égoïste, je suis stupide, je sais, pardonne-moi, je le veux mais je le veux pas : reviens-nous. 

     

    Maéli. 

    « Feux d'artificeVulnérable »

  • Commentaires

    1
    Mardi 16 Septembre 2014 à 20:43

    Le silence s'imposerait devant un texte aussi empreint d'intimité. Je n'ai jamais connu l'amour grand-paternel (je ne sais si ce mot existe ^^), mais tu as une façon de le décrire ici tout à fait magique.

    Je suis sûre que là où il est, malgré les épreuves qui t'assaillent, il est fier de toi et de tout ce que tu entreprends. Il continuera de te protéger, son étoile brillera de mille feux rien que pour toi, à chaque fois que tu en ressentiras le besoin (et pour chaque personne qui le gardera à jamais dans son cœur).

    Courage à toi Maéli :)

      • Jeudi 5 Janvier 2017 à 21:27

        Je viens de voir ton commentaire et... Cela fait deux ans pourtant j'en ai les larmes aux yeux. Merci <3

    2
    Jeudi 5 Janvier 2017 à 18:42

    J'ai perdu mon grand-père il y a une semaine et ça m'a bouleversée. C'est tellement vrai...

      • Jeudi 5 Janvier 2017 à 21:32

        Je suis vraiment désolée...

        C'est incroyable de se dire que tu peux ressentir la même chose...

        Et parce que le temps a passé, je le sais maintenant : il n'est pas vraiment parti. C'est ce murmure dans mon coeur, cette chaleur quand j'ai besoin de courage, ce petit oiseau qui chantonne les jours de grisaille ; il ne m'a jamais abandonné. Quand je regarde en arrière, je sais que jamais je ne serais là où je suis sans lui.

        Quand la déchirure et le manque passeront, tu sentiras que la blessure n'est pas recousue, mais remplie par quelque chose d'autre...

        Si jamais tu as besoin de parler, de quoique ce soit, tu peux toujours appeler au secours...

        Courage <3

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :