• -Eins…

    Mon voyage à moi a commencé là, acculé contre ce mur, coincé entre deux mondes, perdu et condamné, seul et oublié ; un soir d’automne qui avait si gentiment commencé.

    Quand la Mort à le canon de son fusil pointé sur notre tempe, on rembobine, on revoit hier ; les pensées défilent, il n’existe plus aucune barrière, plus de raison, plus d’ordre, elles affluent, fusent, apparaissent, disparaissent, m’envahissent, me traversent.

    Je n’ai plus aucun prise sur ce qui m’arrive, et ils sont là, debout devant moi, ils sont arrivés sans prévenir mais comptent, appuyant le silence et le temps, pour que je puisse apercevoir la Mort sur le palier, qui sonne et s’impatiente.

    Je me tiens là, debout, face à mon destin ; j’ai toujours su que je mourrai, là n’est pas la question. Si j’ai peur, si j’ai les mains moites, si mon cœur bat à cent à l’heure, c’est pas que je craigne l’avenir, pas que je regrette ; c’est Eva.

    C’est cette ruelle sombre, ces ombres qui dansent sur les pavés, leurs yeux allumés d’une rage ; une rage de tuer. Peu importe les cartes, l’un d’entre nous mourra ce soir ; et ce sera moi.

    J’ai toujours su que cet instant arriverait ; qui courant après un idéal à jamais su que l’horloge pouvait jamais s’arrêter, n’importe quand ? Chacune de mes secondes tendait vers cet instant tandis que chacune de mes cellules priaient pour y échapper.

    -Zwei…

    La voix du soldat a résonné dans la ruelle, ainsi nos dernières secondes se répondent, s’étendent à l’infini et ne s’achèvent que quand nos cœurs se taisent ; aujourd’hui et pour toujours ?

    Eva.

    Deux yeux bleus qu’ont fait tomber la Lune du ciel, un regard qu’a attrapé les étoiles, un sourire qu’a fait pâlir l’azur ; des fines lèvres qui dessinent l’horizon.

    Eva.

    Qui m’a fait traverser le temps, qui m’a pris à mon rocher, m’a rendu à la vie, m’a emporté, m’a jamais ramené ; et l’ai-je jamais voulu ?

    Eva que j’ai toujours aimé. Eva que je vais quitter.

    Mon Eva rien qu’à moi, me voilà, debout, tendu, au-dessus du précipice, à travers le temps, plongé dans nos instants ; désolé pour maintenant. Maintenant qui, avec ces ciseaux coupe les fils de nos promesses, et je les vois, comme la vague, arriver, onduler, s’élever, s’exploser sur le rivage, s’y perdre, et revenir s’y briser.

    Eva, je t’en prie, leur en veut pas.

    Ils sont plantés là, ils ignorent l’explosion qu’ils produiront dans ton existence, ils ignorent à quel point la vie est précieuse, ils ignorent ce qu’ils vont détruire ; mais j’ai choisi ce chemin-là.

    Alors à tous ceux qui me survivront, j’espère que jamais ils n’oublieront. Les secondes qui s’égrènent sont peut-être mes dernières, mais elles sont mon plus grand hommage à cette vie que j’ai traversé, à cette vie que j’ai défendu en résistant, à cette vie que j’ai hurlé en me levant.

    A ceux qui sont notre futur, des gens sont morts pour que vous puissiez vivre ces instants, immolés par le feu sacré de la volonté de justice. Le sang qui coulera ce soir est un sang qui s’est levé pour demain, un sang amoureux de la vie, un sang qui a crié « Liberté ! », un peu trop fort et qui finira froid ; un sang trahi, un sang encore frais.

    Syracuse, ville de mon premier jour, je te prends à témoin, les Hommes m’ont donné la vie et ils me l’ont reprise.

    Chaque seconde est un pétale, le vent souffle, senteur d’été, je vais quitter ce monde, entre deux battements de cœur, je le sais ; ils me regardent, ils vont me tuer, à quoi pensent-ils ?

    Ils mettent un point à cette traversée extraordinaire, magique, splendide et déchirante qu’on appelle la vie, le temps d’un souffle, en une pression ; un rien.

    -Drei !

    Pardonne-moi, Eva.

    Sache que ton Edgar s’en va s’accrocher, là-haut dans les Cieux, s’attacher au manteau de la nuit, devenir un de ces boutons d’argent, qui te guidera, une fois le noir venu ; promis, je veillerai sur toi.

    Merci d’avoir traversé mon existence, merci d’avoir chamboulé mes lendemains, d’avoir redessiné mes horizons, d’avoir accordé ton pas au mien, d’avoir soutenu ma main ; d’avoir tissé le fil vers les étoiles.

    D’un murmure du vent, je m’en vais retourner à la poussière…

     

    Funambule, bulle de savon ; qui éclate.

     

    Maéli.

    Ps : une nouvelle que j'avais postée à un concours, que je partage avec vous :)


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  • J'ai livré mon dernier voeu à cette fleur de pissenlit qui s'en allait courir le temps.

    Le soleil m'appelle, c'est l'heure de rentrer, l'heure où le monde entier prend une teinte orangée et les peintres sortent leurs toiles et leurs pinceaux à la recherche d'étoiles.

    Je me lève, lâche mon petit avion en papier que je faisais danser autour de moi, ma robe blanche s'ouvre autour de moi, voilà mes ailes, et je pars en courant à travers les champs.

    Je soulève la poussière autour de moi, elle m'enveloppe, se dépose sur ma robe ; je dois rentrer à l'heure.

    Les coquelicots veillent au grain, et ainsi, je retrouve mon chemin...

    J'aperçois la petite ferme, au loin, la silhouette de ma mère, aussi, se dessine dans mon petit horizon, un corbeau s'envole et traverse ma route ; je m'arrête, manque de perdre l'équilibre, le suis du regard.

    Où va-t-il ? 

    Le soleil embrase l'horizon, maman m'appelle, je devrais être rentrée, mais je veux savoir où il va. Est-ce qu'il a une maison, lui aussi ?

    Est-ce que lui aussi, quand les bombes explosent, dehors, il a un toit pour le protéger ?

    Est-ce qu'on lui raconte des histoires pour qu'il s'endorme ? Pour qu'il n'aie pas peur du noir ?

    Maman s'inquiète au loin, elle commence à paniquer, il faut vraiment que je rentre ; j'envoie un baiser au corbeau, je lui dis "tu sais, si tu veux, tu peux venir avec moi" et je m'élance.

     

    Maéli.


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  • Avant de te revoir, je devrais peut-être te dire une chose.

    Après tout, tu as le droit de savoir, non ?

     

    Je voudrais te demander une fraction de seconde ; juste une.

    Je te promets que je ne lutterai pas, que je te suivrai : mais je dois pouvoir le faire.

    Ne soupire pas.

    Je sais bien que je ne suis pas la première à mendier du temps. Je ne te demande pas l'éternité, juste une fraction de l'infini, juste l'occasion de tout sauver.

    Donne-moi, cette chance ; laisse-moi alléger leur esprit avant de m'en aller.

    Je voudrai pouvoir ressentir quelque chose avant de partir. Oublier la douleur, l'état comateux, les membres engourdis qui ne sont plus miens depuis longtemps, le temps qui passe et qui laisse des marques sur leur visage.

    Ils sont si jeunes, laisse-moi les épargner...

    Je vois la lueur d'espoir dans leur yeux s'éteindre jour après jour, leur sourire s'efface et ils ne sont plus que l'ombre de ce qu'ils étaient.

    Mon cœur est serré par une main glaciale qui le réduit en poussière.

    Eux ne sont plus que fantômes, et moi, plus qu'un tas d'os à l'agonie.

    Depuis des jours, des mois ou des années, -qu'est-ce que cela changerait ?- le moniteur cardiaque bipe régulièrement. Il rythme leurs journées, leurs angoisses et mes nuits.

    Vois-tu à quoi tu les condamnes ?

    Tu me pousses à assister à leur lente chute...

    Comme un vase, leur cœur, doucement tombe, poussé par ma maladie ; il heurte le sol, se brise en milliers de morceaux et me voilà qui part, emportant avec moi ce qui leur restait de sourires.

    Je te le demande, de toi à moi : aide-moi à ouvrir mes lèvres gercées et à prononcer mes derniers mots. Après, viens me chercher, fais de moi ce que tu veux, mais je ne peux pas. Non, je ne peux pas.

    Si je pouvais te faire promettre que je ne les reverrai pas avant cent ans je serai apaisée mais ce serait vain de vouloir te demander l'impossible.

    Comprends-tu, les battements de mon cœur faiblissent, le froid me sert de couverture et le moniteur devient fou, mon souffle siffle entre mes dents.

    J'entends l'horloge sonner minuit et je me dis que je vais mourir, ici, dans le froid de la nuit.

    Ma chambre est sombre. Tout est calme.

    Bientôt, on n'entendra plus que le souffle du vent qui s'engouffre par une fenêtre qu'on a oublié de fermer.

    Tu comprends que je suis une femme. Rien qu'une femme.

    Peu importe mes erreurs, mes torts, mes peines de cœurs, mes chutes ; il est trop tard pour moi.

    Je t'en prie, ne les laisse pas mourir avec moi.

    La chair de ma chair, le sang de mon sang ; mes fiertés et mes fleurs.

    Dix mois que je pourris dans ce lit, leur cœur dans la main.

    Dix mois que dans leur tête trente ans se fanent et des fantômes se réveillent ; qu'ils errent en quête d'une nouvelle terre.

    Le monteur déjà devenu fou s'arrête sur une fréquence stridente, je n'ai pas le temps.

    Temps, je t'ai trop compté et mort tu m'as emportée.

    Tu m'as cueillie, sur ce lit de pétales blanches.

     

    Je te revois encore, assise à tenir la main de ma mère.

    Je me souviens de mes larmes, de mes cris, de ton sourire apaisant ; tu m'as dit, seul l'instant t'appartient. Tu l'as prise dans tes bras en me murmurant que là où tu l'emmenais le soleil brillait tous les jours.

     

    Et te revoilà.

    Moi, accrochée dans tes bras ; toi, pleine de lumière, aérienne.

     

    Je laisse derrière moi ce monde détruit par mon absence et ma douleur pour reconstruire ailleurs un avenir meilleur.

     

    Maéli.


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  • Elle marchait.
    Elle avait une démarche rien qu’à elle, une démarche féminine, dans le vent. Assurée ; comme si rien ne pouvait l’arrêter.
    Ses cheveux blonds volaient ; ils encadraient son visage comme le ciel encadre le soleil.
    Je la regardai, du trottoir d’en face, coincé derrière mon feu rouge. Hypnotisé.
    Elle rayonnait.
    Je la voyais avancer, belle comme la lumière du jour, dans cette aube naissante.
    Elle m’aperçut, dans la foule. Elle sourit, et de ce sourire, elle aurait pu faire dégringoler toutes les étoiles du ciel ; mais c’est mon cœur qui fondit sous le coup.
    Les voitures roulaient, passaient devant mes yeux, mais je ne la quittai pas. Je ne voyais qu’elle.
    Elle, elle et elle.
    C’était le son du tambour qui battait en moi, le mot en suspens dans l’atmosphère à chaque seconde, le soupir dans chaque souffle, la force en chacun de mes pas.
    Mes ailes dans le ciel.
    Elle était le refrain de la musique qui pulsait dans mes veines, qui brisait mes tabous, fracassait mes chaînes ; les notes sur lesquelles je marchais jusqu’au ciel, et dans ses papillons qui voletaient dans mon ventre.
    Mes peurs défoncées, mes démons envolés et le paradis grand ouvert, juste là ; devant moi, dans ses bras.
    Les voitures cessèrent de passer pendant quelques instants.
    Le temps pour elle de se dire qu’elle ne pouvait plus attendre, le temps de mettre le pied sur la route et de ne pas voir arriver le bus.
    Juste une seconde.
    Le temps se fragmenta, se disloqua, ralentit.
    J’étais coincé dans la foule, j’avais beau bouger dans tous les sens, tenter de forcer le passage, les gens refusaient de me laisser passer ; pour eux je n’étais qu’une petite mouche gênante.
    Qu’une fourmi dans l’univers, qu’une bulle d’écume dans l’océan, qu’un grain de sable sur la plage.
    Peut-être, mais j’étais aussi une bulle de savon sur le point d’éclater et ma seule étoile qui brillait dans le noir allait s’éteindre…
    Le feu qui brûlait en moi se préparait à exploser en des milliers de secondes douloureuses, d’insomnies et de souvenirs maudits.
    Mon cerveau alla plus vite que la réalité.
    Je la vis poser le pied sur la route et le bus la saisir au passage.
    Je croisai son regard, ses yeux aigue-marine sur lesquels je voguai, je coulai, je me noyai, je me perdis. Deux prunelles dont je connaissais chaque nuance, chaque humeur.
    Mon dernier refuge, mon amour.
    J’assistai à la scène, témoin impuissant avec « un pourquoi ? » déchirant comme unique question. Je notai son incompréhension face à mon visage qui se décomposait, qui lui hurlait : « non non non ne fait pas ça ».
    Ne me quitte pas.
    Je voyais l’avant du bus qui la faisait basculer, la renversait, et elle, tomber dans une ultime chute silencieuse. Sa tête frappa le goudron en un bruit mat qui me hantera toujours et ses paupières se fermèrent.
    Elle était partie.
    Sans moi.
    Fauchée dans son élan, fauchée dans son bonheur.
    Le sang glissait doucement sur l’asphalte…
    Mes rêves réduits en miettes, jonchaient le sol, à mes pieds, mes ailes déchirées voletaient encore un peu dans cette brise de printemps et j’entendais mes espoirs gémir dans le puits où ils avaient atterri.
    Ma raison de vivre, ma raison de me lever, ma raison de me tenir, là, debout ; la seule chose qui importait. Ma boussole, mon point de repère ; envolé.
    Je voyais devant moi les néants qui m’attendaient, les fantômes, les souvenirs qui rampaient jusqu’à moi ; la colère, la haine de la mort, le vide.
    Je m’appelle Adam. Adam Bricel.
    Sous mes yeux, l’amour de ma vie vient de mourir.
    Jenyfer.
    Une seconde a coupé le souffle de sa vie, sans briser le lien qui nous uni.
    Il n’y avait pas de mots pour la décrire, mais pas de mots non plus pour parler de nous.
    Ma moitié, mon évidence.
    Sans elle, rien n’a de sens ; rien n’a d’importance.

    Brusquement, je revins à la réalité.
    Je clignai des yeux, me rendis compte que dans un dixième de seconde, elle mourrait.
    Dans ma tête, les pensées fusaient et je revis mon passé. Les châteaux de sable, les parents, les engueulades, les bonheurs, mon premier amour, la chute, les ténèbres ; et Jenyfer.
    Dans cet instant, je ne percevais que les battements de mon cœur.
    Je fermais les yeux et j’entendis ma conscience me hurler la vie, l’avenir qui me tendait les bras, ma famille, les beaux proverbes.
    Mais peu important.
    J’ouvris les yeux, me propulsait en avant, poussai tout le monde et me jetai sur Jenyfer.
    Elle semblait rassurée de me voir. Non, je ne pouvais la sauver, mais je pouvais tenir mes promesses. Elle ne partirait pas sans moi.
    Je la saisis, enroulai mes bras autour d’elle, je la serrais comme un pétale de rose, contre mon cœur, je serai son bouclier, son dernier rempart, son unique refuge ; le bus nous frappa de plein fouet et je l’embrassai.
    Nos larmes se mêlèrent dans notre dernier souffle devenu brasier.
    Une seconde nous vola nos vies.
    Une décision fit voler en éclat le chemin que nous avions tracé.
    Des éclats de verres ensanglantés volaient autour de nous, nous brisâmes le pare-brise de ce bus, et le sang coulait ; mais dans nos cœurs le soleil brillait.
    Partis dans un dernier je t’aime.
    Unis.
    Jusqu’à la mort.
    Et dans la mort.
    Une seconde a suffi.

    Maéli
    PS : Voici un texte que j'avais présenté pour un concours de Lecture Academy qui n'a pas été "élu".


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  • Musique d'accompagnement : http://www.youtube.com/watch?v=ZSM3w1v-A_Y

    Tout n'est plus que cendres.
    Je ne suis plus que cendres dans cette mer d'au revoir.
    Le vent souffle, m'emporte, me disperse.
    Je suis une petite poussière brillante dans les feuilles mortes, je suis de passage, je suis le seul témoin du brasier qui a enflammé la forêt.
    J'ai laissé sur mon passage des ruines. Des ruines et de la douleur.
    J'étais votre soleil dans la nuit, votre chaleur dans le froid, votre seul espoir contre les bêtes sauvages.
    J'étais votre unique chance de survie.
    Vos sourires, vos accolades, votre fierté.
    Je n'ai eu de cesse de vous protéger.
    Mais il y a des choses contre lesquelles je ne pouvais rien ; votre arrogance, votre peine, votre haine, votre colère, votre jalousie.
    Mais face à moi, vous étiez unis par la joie de vivre.
    J'ai été l'arme qui vous a tué.
    Je fus votre perte. Vos dernières larmes, vos cris de désespoir, votre horreur.
    J'étais le feu qui brûlait sur la place de votre village, celui qui guidait les perdus, votre dernière lumière.
    Aujourd'hui, l'homme qui m'a pris, qui a brandi la torche au dessus de sa tête et enflammé vos vies ; marche sur nos cendres. Le monde s'effrite sous ses mains, sa vie part en fumée et ses souvenirs sont là, sous les décombres.
    Une larme roule sur sa joue, va s'écraser en un ploc silencieux sur le sol.
    Il croyait devenir libre en détruisant ses racines, en tuant ce qui le retenait de s'envoler, et le voilà, dans ces décombres à rire de l'ironie de sa vie.
    Le voilà prisonnier à jamais de ses actes.
    Un trou béant s'est ouvert en lui, la vie semble se dérober sous ses pieds nus et, à présent, il devra faire avec le vide en lui pour avancer. Il ne pourra jamais échapper à ce gouffre béant, là, sous son corps. Le poids des vies qu'il a dérobées pèsera sur ses épaules qui s'affaisseront et les morts jamais ne le quitteront.
    Et jamais il ne pourra oublier.
    Chacun de nos actes à un prix.

     

    Maéli.


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  • Musique d'accompagnement :https://www.youtube.com/watch?v=TPE9uSFFxrI

     

    Les doigts sur l'revolver, ma main tremble.

    Mourir et tout quitter ?

    Tirer, tuer et perdre une part d'humanité ?

    Rester et découvrir ce que ce monde me réserve, rester, sentir mon coeur palpiter ; rester avec ses hauts et ses bas.

    Partir, se lancer dans l'aventure, plonger dans un bain d'inconnu ; partir, tout quitter, et se dire que tout est peut-être vraiment fini.

    Lui, il m'a bien quittée.

    Là-bas, je le retrouverai.

    Le temps est long, le temps s'étire.

    Clac, retiré le cran de sûreté ; il suffirait d'une erreur, presque d'un accident et Jade ne sera plus.

    Le monde jasera ; une fille comme elle comment peut-elle se faire ça ?

    Comprenez-bien : j'ai trop d'douleur en moi. Ça va m'déborder, ça va exploser. C'est comme si y a qu'la mort qui pouvait m'sauver.

    Papi, pourquoi t'es parti ??

    Le pistolet tremble entre mes mains, et la pensée s'abat sur moi : comment j'en suis arrivée là ?

    Je sais que je ne tirerais pas. C'est trop tard.

    Le doute est toujours plus fort, j'aurais dû résister, m'aggriper, tout quitter sur un coup d'tête ; p'têt qu'un jour je regretterai la seconde fatale où l'arme m'a échappé des mains, où elle a heurté le sol et où je l'ai rejointe.

    Je veux me faire mal. Me faire mal,  me faire mal, me faire mal ; mon corps saura faire taire mes pensées.

    Qui viendra me ramasser sur ce sol gelé ?

     

    Je ne le sais pas encore, mais c'est ma ère qui me trouvera là, sur le sol en rentrant des courses. Elle aura les larmes qui lui monteront aux yeux, le coeur qui manquera un battement quand elle apercevra le revolver, elle courra me prendre dans ses bras, me murmura qu'elle m'aime ; prendra ma respiration pour témoin de ma vie murmurera dans le creux de mon cou : "dans quel monde vivons-nous pour que la mort d'un être cher nous pousse à vouloir nous tuer ?"

    Et nous pleurerons.

    Etape numéro une, accepter.

    Etape numéro deux, se reconstruire.

    Promis, papi j'y arriverai ! Le temps sera à la fois mon meilleur ami et mon pire ennemi.

     

    Maéli.

    Courage.


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