•  

    Tu m’annonces que tu pars, comme ça sans un regard ; sans grands ébats. Sans cri. Explosion implosion. Paradoxe.

    J’essaie tant bien que mal de mettre des images sur tes mots, je cherche un sens à tout ça. Une direction, une explication.  Je pose ma main sur la table, chancelante.

    Je soulève le menton et dégluti ; de toute façon rien de tout ça n’est réel et je te demande pourquoi et puis si tu es sérieuse. Ta voix à toi est si posée, elle ne laisse pas l’espoir de retour en arrière ; la mienne déraille et aimerait éviter l’accident.

    Et puis, ça arrive, l’émotion se bloque dans ma gorge, ma cage thoracique aussi. Je te détaille, de la tête au pied ; où es-tu passée ? Je sais que tu es déjà loin.

    Le problème ce n’est pas moi, mais toi. Il paraît que tu veux une autre vie, que je suis ce qui te raccroche à une illusion. Que tu veux vivre, vraiment vivre ; sentir le monde dans tes tripes.

    Il y a une sirène dans ma tête qui se déchaîne. Sa vieille rengaine qui me hurle sous le crâne que nous, c’était pas ça, la vie ? Qu’on a pas vibré et vécu comme des fous ensembles ?

    Et je sais que tu lis toujours mes yeux ; parce que mon cœur est dans tes mains.

    Tu me dis que tu m’aimes mais que je suis la dernière chose qui te raccroche à une existence qui ne te ressemble pas, qu’il te faut partir, que l’amour n’est pas tout dans une existence car il y a toi aussi, oui toi. Que tu te réveilles tous les matins dans ton corps et dans ta vie et que ça ne colle pas avec ce qui danse dans ton cœur.

    Tes yeux regardent déjà vers un ailleurs. Je devais avoir les paupières closes quand ton cœur a glissé vers d’autres contrées parce qu’il y a soudainement un double trou dans ma cage thoracique ; pour nos deux cœurs qui battaient à l’unisson.

    J’aimerais croire que tu peux encore changer d’avis. Mais tes mots me heurtent de plein fouet. Tu veux arrêter les mensonges les petites lâchetés les petites infidélités que tu te fais.

    Le cri sort tout seul et moi alors ?!

    C’est insensé le monde ne tourne plus, plus comme il faudrait.

    Toi, tu n’as jamais eu besoin de moi. Tu as toujours été plus forte, c’est pourquoi tu veux toujours aimer ; pour ne pas être seule sur le chemin et parce que tu as toujours cru que c’était de ton devoir d’aimer ceux qui sont affligés. Retrouve ta liberté ; je cherche la mienne. Tu sais qu’elle est précieuse.

    Dans tes prunelles, j’ai vu cet éclat qui me disait je t’aime ; il s’est vu reflété par la larme sur mon visage. On savait toutes deux que tu avais raison.

     

    Alors, je t’ai laissé partir. Pour arrêter les mensonges.

     

    Maéli 


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  • https://www.youtube.com/watch?v=iWF0f627uc4

     

    C'est encore cette histoire. 

    Cette mélodie, cette ritournelle ; qui danse et qui chancelle dans l'air. Balançoire, poussière de rêves et cendres de désillusions.

    Un piano, une voix qui se brise ; un coup de vent, les feuilles tournoient sur le sol de la pièce. Le parquet se floute devant le mouvement. Il y a bien longtemps que j'aurais dû lâcher prise. 

    Pourquoi s'accrocher sans cesse aux personnes qui nous font souffrir ? 

    Encore cette histoire. 

    Ce conte pour enfant, ce riff incessant ; qui revient, par instant. Il s'agit des autres, il s'agit de moi ; d'un peu d'amour et de poussière d'étoiles. 

    Un soupir. Qu'est-ce que je fais de qui je veux devenir, tous les jours ? Dis-moi, ce que j'ai fait pour me hisser, rien qu'un peu plus près du soleil ?

    Je dessine des pétales de rose dans le sable, et puis la Lune et puis les étoiles ; j'aimerais les rejoindre un jour. J'ai cherché la lumière et le port où m'ancrer, en vain ;et une âme apaisée m'a dit : alors deviens le phare

    J'ai pris la fuite. 

    Encore une histoire. 

    Celle de nos avenirs à écrire, de l'infini des possibles ; comme une sirène dans ma tête, le tic-tac d'une horloge qui hoche la tête, incessamment.

    On a un problème avec les rengaines. Chasser le naturel et il revient au galop ; on résiste toujours un peu au changement, même si on lui court après dans nos rêves, la nuit, quand tout le monde est endormi...

    On a tous un problème avec ces rengaines. Elles mettent le doigt dans la cicatrice, et ce, chaque fois qu'on pense avoir guéri ; elles te murmurent que t'es qu'un froussard, parce que bien sûr que si tu veux que ce soit différent, tu peux changer les choses, tu peux la jouer d'une autre façon. Elles n'ont peur de rien, pas même de te réveiller pour te dire que tu as construit tout seul ton cauchemar.

    Au final, il ne s'agit que de ça, une histoire ?

    Pourquoi c'est si compliqué quand c'est la mienne ? ça avait l'air si facile, si fluide, si logique sur le papier ; d'un point A à un point B. Rien de dramatique. Juste une aventure.Rien que ça.

    ça avait même l'air beau. 

     

    Maéli

    Qui vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'années :) 

    et qui est de retour pour de nouvelles aventures !

     


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  • Il parait que je suis toujours à rêver ; j’ai décollé.

    Maman, les feuilles ont quitté l’étreinte des arbres et se sont égarées à mes pieds ; rien n’est plus étrange que le temps qui se déroule sous mes pas.

    La nuit doucement, pose son regard sur Paris, et uns à uns, les lampadaires s’allument ; j’aimerais me réfugier au chaud de cette laine que m’a tricotée ma louve, j’aimerais lire des histoires à la lumière des lucioles, m’endormir dans tes bras pendant que tu me parles d’où tu viens.

    Novembre est entré dans ma chambre.

    Que je marche sans but, que je chante à tue-tête ces chansons qui dansent sous mon crâne ou que je m’attèle à des tâches banales, il y a comme un post-it sous mes paupières qui me rappellent à ton visage.

    Cette moue que tu fais quand tu me regardes de bas en haut, pour me dire « genre toi tu fais ça », ta manière de dire « voyager », ton rire ; ta chaleur contre la mienne et la lumière qui passe de tes prunelles aux miennes…

    Je sais pas dire je t’aime, alors je fais ce que je peux pour le montrer…

    Je t’écris des lignes, le soir, sur cet amour qui emplit mon cœur à l’en faire exploser et pourtant, ma bouche reste muette ; mes yeux parlent pour moi.

    Plus le temps passe plus je me rends compte du manque de ta présence ; l’hiver passe sous les portes et mon cœur frissonne, je sais que tu es là, pas loin et tout mon être se languit de ton rire.

    Regarde-moi encore une fois dans les yeux…

    Tu sais quoi ?

    Il fut un temps où j’ai rêvé au prince charmant ; je le voyais grand aux yeux bleus et blond, de cette blondeur qui aurait saisi les rayons du soleil.

    Pendant longtemps, j’y ai vu un idéal.

    Je me suis égarée sur des sentiers tortueux, tu sais.

    Et un jour, j’ai rencontré quelqu’un qui croyait être ordinaire ; les cheveux et les yeux d’un noir profond, pas si grand que ça, avec un sourire qui aurait fait tomber la Lune du ciel si elle l’avait vu… Il avait le soleil dans son cœur.

    Ça peut paraître étrange, parce que tout ça se voit pas au premier abord ; et pourtant, irrésistiblement, j’ai été attirée par toi. Papillon prisonnier de la lumière ; rendu libre par l’amour.

     

    Parfois j’espère que mes yeux savent te dire tout ça, ou qu’alors les rêves, dans un souffle de tendresse viennent poser dans ton cœur ces paillettes qui scintillent au creux de mon iris et qui décorent mon intérieur…

     

    Maéli


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  • On se regarde en chien de faïence. Danse le silence sur la table ; et qu’il pirouette plus bruyant encore que les mots.

    On se jauge comme des inconnus. Les mots me disent « t’as cru que tu pouvais vivre sans nous ? » et j’aimerais leur dire que non ; mais je vous ai mis sous le tapis, n’est-ce pas.

    Et je reviens quand le vase est trop plein.

    J’aimerais les prendre dans mes bras, les serrer tout fort, comme ces êtres familiers ces êtres aimés ; et fermer les yeux, ressentir cette chaleur m’emplir, celle que l’on vit, emmitouflé sous un plaid avec un thé au creux des mains, alors que l’hiver rumine.

    J’aimerais poser la tête sur leur épaule, leur dire que c’est fini, que c’est la dernière fois. Mais c’est un mensonge ; et moi qui croyait être sans concession avec mes rêves, je les ai torpillés, car il paraît qu’il y a plus urgent, qu’il y a plus important.

    La douceur de leur mélodie dans mon intérieur, la couleur des lettres et l’orchestre entre mes émotions et les syllabes ; un nouvel horizon se dessine.

    J’aimerais soudainement tout déverser sur une feuille de papier, comme pour tourner la page et dire à tout ce qui m’emplit, c’est fini. C’est fini.

    Avec le même pouvoir que les larmes qui dansent sur ma peau, qui caressent tendrement ma joue ; pour poser le paquet par terre, le déluge a lavé ton cœur, l’automne me dénude et je frissonne.

    Les mots ne sont pas rancuniers, n’est-ce pas ?

    Je suis rentrée à la maison presque sans faire de bruit, dans l’obscurité et sur la pointe des pieds ; ils m’ont ouvert grand leur cœur, ils ont allumé les lumières et on a fait un feu de camp, pour que je n’aie plus froid.

     

    Merci.

     

    Maéli


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  • Je regarde l’écume se retirer lentement. J’observe le bâtiment d’en face à travers la fenêtre. Je rêve quand la nuit couvre doucement les cœurs et les maisons.

    Le silence dort, tout près du feu ; je le caresse tendrement et il ronronne. Mon cœur est ailleurs. Il neige dans mon intérieur.

    Tu verrais les quais de Paris ; si tu pouvais fermer les yeux, cette lumière et cette tiédeur dans l’air… Les fumées qui s’échappent de nos bouches et le monde entier recouvert, par pudeur certainement, de cette blancheur immaculée.

    Je ne te le dis pas, mais je le murmure ; je pense à toi.

    L’instant n’a pas vraiment de nom ; n’est-ce pas ?

    Je respire profondément, les yeux clos, cette magie dans ce monde qui palpite ; ton regard s’est emmêlé dans mes cheveux.

    Si on me l’avait dit plus tôt, je n’y aurais pas cru, tu sais. Je ne savais pas que l’amour pouvait prendre une telle douceur, qui vous enveloppe dans sa polaire ; alors que tu claques des dents sur la banquise.

    Je ne pensais pas qu’un jour, je pourrai me sentir si stable en plein milieu d’un tremblement de terre ; tes yeux ont saisi les miens, je suis arrimée au sol et mon cœur est ailleurs.

    Parfois, il m’arrive de cligner des yeux et de ne plus tenir debout devant la chaleur qui me prend, de l’intérieur, elle m’emplit elle fleurit elle s’épanouit et je croirais m’envoler dans une danse insensée ; et chaque fois, je suis stupéfiée par cet ineffable qui me transcende : tout l’amour que le monde a à donner.

    J’ai arrêté de regarder les infos pour regarder autour de moi, je lis plus les journaux mais des livres ; il me paraît que mes yeux s’ouvrent un peu plus chaque jour. Et par un effet miroir étrange, mon cœur aussi.  

    Une fleur a éclos en plein Paris, alors que l’automne danse et que le pessimisme pleut sur le monde ; une fleur est née à la vie.

    Il y avait quelque chose dans ton regard qui m’a ramenée à qui j’étais ; il y a comme un vent frais dans cette attente de l’hiver qui m’a ramenée à des temps anciens.

    T’a-t-on jamais dit que ton bonheur était ce qui comptait le plus aux yeux du monde ?

    Un voile se déchire et la mer se fracasse sur les rochers ; tempêtes de neige, c’est comme découvrir qu’on nous avait pas tout dit, qu’il y avait une règle qui disait bien, en bas, tout en bas, que l’univers est avec toi.

    Je voudrais rire à en pleurer ; je me souviens de mes cheveux blonds et de tes cheveux noirs qui se mélangent un jour d’euphorie, je me souviens avoir joué du ukulélé dans la rue pour des inconnus, je me souviens aussi des câlins de maman, qui remettent la chaleur dans mon cœur.

    L’hiver au coin du feu, à rêver d’un monde meilleur ; mais viens avec moi, tu veux bien construire cette bulle qui va nous libérer ?

    Il me parait qu’il n’y a pas de musique assez forte pour faire exploser ce qui, dans ma cage thoracique,  me fait sourire à n’en plus pouvoir et qui n’attend que de s’exprimer ; et j’aimerais te dire que je t’aime et j’aimerais le hurler au monde entier. Je t’aime toi, je t’aime les autres.

    Et la mer est infinie et le ciel aussi et les toits de Paris sont autant d’histoires qu’il y a de gens en ce monde ; et les étoiles dansent la valse quand nous tournons le dos, il parait que parfois, elles s’écrasent sur nos joues quand la solitude nous prend et qu’elles se font larmes et puis cristal

    pour que jamais les hommes ne songent qu’on les a abandonnés.

     

    Et, de nouveau, mon cœur chavire…

     

    Maéli


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  • Depuis toute petite, on la réveillait tous les matins à huit heures.

    Et puis un jour, elle avait décidé qu’elle était grande. Elle avait mis tout le monde à la porte et plus personne n’entrait dans son empire sans frapper.

    Ce matin-là, elle s’était réveillée à huit heures une et pour la première fois depuis plusieurs années, elle aurait bien aimé entendre deux coups secs frappés et puis les pas légers de Sophie sur le plancher ; et la douceur dans sa voix quand elle lui disait que les oiseaux carillonnent, princesse, c’est l’aube d’un nouveau jour qui n’attend que toi.

    Elle s’était recroquevillée sur son lit, fixant la porte et attendant des souvenirs qui ne reviendraient pas au présent. Sophie est partie, aujourd’hui ; elle a pris le train il y a longtemps.

    Peut-être qu’en mettant ses bras autour de ses jambes repliées cela comblerait-il le vide dans sa cage thoracique ?

    Peut-être même que cela comblerait cet espace pendant lequel Sophie a disparu et que cela rafistolerait cette parenthèse pendant laquelle elle avait cessé de lui parler ?

    Parce que si elle était, à tendrement lui caresser les cheveux, elle pourrait lui raconter. Elle pourrait lui parler de cet éclair qui la transperce ; de cette impression d’abriter un monde vide. De cette envie de pleurer qui surgit de nulle part, qui la prend dans les coins de rue ; en plein milieu des moments de liesse familiale mais aussi quand personne n’est là pour le voir.

    Elle pourrait lui demander de mettre des mots sur cet ineffable qui l’habite et qui lui échappe.

    Puis lui parler de ce regard qui a pris son cœur et qui ne s’est plus jamais posé sur elle, de Charlotte et Madeleine qui ont été emmenées par deux policiers l’autre jour à l’école et qu’on n’a pas revues ; de maman qui jette des assiettes sur papa dans la cuisine et qui lui crie qu’il est un meurtrier.

    Elle frissonne. Ce matin, elle n’a pas l’énergie pour se lever. Et personne ne viendra lui dire que cette journée n’attend qu’elle ; parce que cette journée est partie, loin devant elle, et qu’elle a pris toute la lumière avec elle. Il ne reste plus que l’obscurité de la nuit.

    Il parait que la douleur passe, qu’elle ne s’installe jamais vraiment ; tout empire est éphémère. Son estomac gronde. Il sait qu’il n’y aura peut être pas de petit-déjeuner ce matin et il proteste. Tout son corps aussi proteste et refuse de se mouvoir.

    Ce sentiment de faiblesse. C’est la grève générale sur son lit aujourd’hui.

    Papa lui disait que sans une bonne raison de se lever, nous sommes finis.

    Elle voudrait ricaner parce qu’elle a quoi, treize, quatorze ans ? Même elle ne sait plus vraiment ; tout ça dure depuis vraiment trop longtemps.

    Un courant d’air. Elle a froid dans son pyjama en tissu fin, mais c’est tout ce qui lui reste de son ancienne existence ; de Sophie, des vacances à la mer, du chocolat pour le goûter.

    Son regard se perd dans le vide. Elle sait que Sophie ne reviendra pas.

    Avant que maman ne l’emmène avec elle, elle s’est assise dans la cuisine et elle lui a tout raconté. Où allait le train de Sophie, et puis aussi celui de Charlotte et Madeleine ; ce que ça voulait dire être policier français en dix neuf cent quarante et un.

    Elle pense que c’est à cet instant qu’elle a commencé à frissonner, quand maman a mis les deux pieds dans le plat ; c’est là qu’a débuté le cauchemar.

    N’est-ce pas qu’elle sait, maintenant ?  Les fantômes dansent sous ses yeux.

     

    Personne n’est venu frapper, ni à huit heures ni à midi. 

     

    Maéli

    Pour le concours de Nienor


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