• Sous la pluie

    La pluie chantonne sur le goudron. C’est l’averse et j’entendrais presque le tonnerre gronder.

    Je frissonne.

    Une main pour maintenir mon manteau bien fermé, je frappe à la porte, d’un coup timide.

    Mon monde part un peu dans la gouttière, lui aussi. Je clos mes paupières, le temps de quelques secondes. Je n’arrive pas à déterminer la provenance de l’eau sur mes joues ; je crois que je préfère l’ignorer.

    Je suis trempée de la tête au pied ; depuis le temps que j’attends devant chez toi.

    Mes pensées font des aller-retours, c’est le match de ping pong avec mes peurs.

    Elles m’ont laissée sur le bord de la route, à trembler, complètement trempée ; épuisée. Elles m’ont essorée, jusqu’à revenir à l’essentiel, à ce bout de moi-même que j’essaie de cacher sous des couches de vêtements.

    Tu crois aux étoiles ?

    Même si j’avais voulu, je n’aurais pu faire autrement ; car soudainement un grand feu s’est allumé dans ma demeure intérieure. Un rayon de soleil m’a tendu la main ? Je ne peux toujours pas mettre de mot sur l’instant qui m’a saisie.

    Je savais que tu allais ouvrir la porte.

    Les barrières sont toutes tombées d’un coup et je me suis demandée pourquoi j’avais eu peur. Soudainement, il n’y avait plus ni angoisse ni nœud dans ma cage thoracique ; il n’y avait que l’espace de l’infini et ces mots si denses qu’ils feront toujours déborder mon cœur… Tu m’aimes.

    Fais-moi une place, que je te raconte d’où je viens et vers où je vais ; emmène-moi dans un ailleurs qu’on se rappelle qu’on s’aime et qu’on vive ensemble l’aventure d’être à deux.

     Donne-moi une chance, tu verras qu’on peut le faire, qu’on peut construire quelque chose de beau ; que l’univers nous attend.

    Prends-moi dans tes bras, rien qu’une fois et je ne te lâcherai plus jamais.

    Le puzzle s’emboîte sous mon crâne et je revois tes deux yeux se poser sur moi ; pour la première fois et puis celle d’après et celle d’encore après. Je me rappelle de la lumière entre nous deux, de ta chaleur ; de nos deux cœurs qui se percutent sans cesse.

    En un éclair, tout avait disparu : le doute, les peurs, l’espoir. Il ne restait plus que ce qui est ; plus que deux personnes dans une pièce mal éclairée. On a semblé poser les non-dits sur la table, tous les mots du monde n’auraient pas suffi ; tu n’avais qu’à faire un pas.

    Toutes les questions s’effacent parfois, le temps d’une évidence.

    Et puis l’on rallume la lumière et le vent souffle sur la flamme ; mais son souvenir nous tient si chaud qu’il nous paraît qu’elle ne nous a pas quitté. De nouveau la pluie fait rage et les angoisses s’aggripent à mes pieds, mais il est trop tard, car je sais.

    Il est trop tard car je n’ai plus froid.

     

    Je vois flou avec les gouttes qui noient mes iris, mais rien à faire, j’ai rendez-vous avec mon miracle et je ne partirai pas tant qu’il ne se sera pas manifesté.

     

    Maéli 

    « Rétablir une justice et une libertéEncore cette histoire »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :