• 3- Se laisser porter

    J'aurais jamais dû ouvrir ce paquet et encore moins prendre ce train.

    Mais c'était trop tard, le passé s'est imposé à mon regard ; avec cette substance qu'à la réalité, j'aurais voulu crier faussaire, mais j'étais déjà dix ans plus tôt.

     

    Je gratte le papier de mes mots, dessinant le monde qui m'entoure, inventant des histoires. Assise sous un arbre, dans le parc à côté de l'université, je savoure le silence du monde alentour.

    Les cigales chantent, dans l'herbe carbonisée par le soleil et les feuilles s'agitent doucement sous les caresses du vent.

    J'ai entendu au loin la cloche sonner, alors j'ai précipitamment rangé mes affaires, mon sandwich que je n'avais pas mangé, mes stylos, mes papiers et j'ai pris mon sac. 

    J'ai soupiré parce que je passe ma vie à courir.

    J'écris, j'oublie le temps. Je dessine, j'oublie le temps. Je travaille, j'oublie le temps.

    Je suis réglée sur une autre galaxie, alors je finis en retard pour tout ; c'est comme ça que je saute des repas, que je suis une pro de la course et même si je déteste ça, je finis par arriver à l'heure même quand je suis en retard.

    J'ai mentalement essayé de me souvenir de ma salle, et dans ma lancée, je n'ai pas fait attention au monde autour.

    J'ai foncé droit dans le torse d'un inconnu. Un "hééé mais fais gaffe putain !" lui a échappé.

    Je ne l'ai même pas regardé, j'ai ramassé mes affaires et suis repartie.

    J'ai entendu un cri dans mon dos "malpolie !" et je ne me suis même pas retournée.

    Je vis vraiment dans ma bulle, c'est hallucinant.

    Alors si vous pensez que ma première rencontre avec Steven était romantique, absolument pas. Je ne l'ai même pas vu. 

     

    J'ai soufflé quand je suis revenue sur terre, c'était si bon, si bon. Je ne me doutais pas de ce qui pouvait arriver après.

    Et puis, à vrai dire, je m'en fichais.

    J'ai souri. Il fut un temps où mon seul objectif était de ne pas arriver en retard.

     

    Mais, évidemment, mon coeur n'est pas rassasié d'un souvenir ; il ne me lâchera pas tant qu'on n'aura pas retracé ce qui m'amène là. Alors, je me suis laissée portée.

    Pour de bon.

     

    Maéli

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