• 2_Touments

    J-6

     

    Mon réveil sonne. Je me lève, m’habille, sautille, enfile mes chaussettes ; me prépare à partir. Je sors, il fait si froid dehors…

    La journée commence comme une autre, je frissonne, je respire ; mon sac sur l’épaule droite, la tête pleine de la musique qui résonne dans mes oreilles, j’avance vers le lycée.

    Je me presse, et puis, me voilà devant la grande grille qui aurait dû être ouverte.

    La réalité me revient en pleine face.

    Bam, tombée à terre ; bam, des dizaines d’années évaporées.

    Vous y croyez, vous, la fin du monde dans six jours ?

     

    Je reste plantée là, quoi faire ?

    Alors, je pousse la grille et entre.

    J’erre dans le lycée, moi qui rêvais de le quitter, voilà que je m’accroche à ses murs pleins de souvenirs…

    Ah liberté…

    Un pas, les questions fourmillent, deux, ici Jade a taggué le casier de Jeff pour lui déclarer sa flamme, trois pas, et là, j’ai fait une bataille de pain avec Simon et Evan, ici, je me rangeais avant d’aller en maths, quatre pas, stop, il faut que j’m’arrête.

    Stop, stop, stop, stop !!

    Respire, Aela.

    Te laisses pas étouffer par les souvenirs, les laisses pas t’bouffer, laisses pas la vague s’élever, retomber d’un coup et te noyer, alors fais plus un pas.

    Comment aurais-je un jour imaginé que parler au passé de choses banales pourraiy me fendre le cœur au point de dire stop avant de saturer ??

     

    Je cours, je cours je cours je cours.

    Mon sac est resté là-bas, sur le sol du couloir.

    Au milieu d’un monde qui n’a plus de sens.

    Tchac tchac tchac.

    Je démêle mes écouteurs en courant, les mets sur me oreilles, me fixe sur la voix d’Kurt Cobain et mon souffle en hiver.

    Courir pour oublier ; courir pour fuir.

    Mais comment ne pas en vouloir au monde entier ?

     

    Pourquoi ?

    Un trou et je m’étale.

    Voilà, c’est toujours la même histoire ; au moment où mes ailes s’apprêtent à me porter, où je quitte le sol et respire l’air pur des nuages, il y a toujours une flèche pour m’atteindre en plein cœur.

    Je manque de fondre en larmes, mais décide de rester forte et me relève.

    Je tourne la tête à droite, à gauche et me rend compte que mes pieds m’ont menée dans un parc, et je m’assois là, dans l’herbe, pleine de sueur et épuisée.

     

    Mon ventre gargouille et je me réveille.

    Deux petits yeux noirs m’observent…

    Je m’y plonge comme dans un gouffre, profond, nage ; deux yeux qui rient de moi et ma détresse.

    Deux prunelles qui me disent, quelle importance ?? T’as toujours su que la mort arriverait n’importe quand, alors ça change quoi d’connaître le jour d’la sentence.

    Et pendant, que résonne les accords de guitare, un déclic se fait en moi.

    D’accord.

    D’accord, j’vais mourir ; mais vous m’aurez pas !

    Nan, j’me laisserai pas avoir.

    Et je salue le chat qui vient de m’offrir de finir ma vie dans un feu d’artifice.

     

    Alors, je rentre chez moi, fais mes valises, prépare mon vélo, prépare le repas ; salue le monde, salue mon passé.

    Hors de question de l’effacer, d’l’oublier, juste rendre un dernier hommage à la p’tite fille que j’ai été, réaliser mon rêve.

    Mes parents ne rentreront pas ce soir, je crois…

    Je rejoins mon grand frère parti se coucher, m’allonge pendant qu’il respire, dans les bras de Morphée, le monde m’ouvre ses bras, me voici apaisée…

    Et je rêve de ces deux yeux noirs qui m’ont libérée.

     

    Maéli.

     

    « Destin briséReflet »

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