• Le droit de rêver

    Tokito, 2813

    Je vais faire un meurtre !!

    Pourquoi ?!

    Rigolez rigolez, allez-y ; rigolez d'cette gamine de quinze ans qui vous dit qu'elle va faire un meurtre du haut de son p'tit mètre soixante-trois, elle peut à peine vous mettre une claque !

    Mais si vous saviez...

    J'ai découvert aujourd'hui qu'il existe des causes qui valent la peine qu'on y dédie sa vie.

    J'ai découvert ce que c'était de rêver.

     

    Je n'arrive pas à décolérer. 

    Les hommes rêvaient-ils chaque nuit ? Se réveillaient-ils un sourire scotché sur les lèvres ? Ou, parfois encore tremblants et suants de peur ?

    Qu'est-ce que ça faisait de ne pas contrôler ce phénomène ?

    Tout m'intrigue quand je me mets à penser aux rêves...

     

    Je suis là, devant ma barquette d'aluminium et, pour la première fois de ma vie, je rêve d'autre chose. De la fumée s'échappe de mon repas et je me dis que ma vie part avec elle ; nous sommes ce que nous mangeons, non ?

     Je n'arrive pas à penser à autre chose.

    L'idée qu'il existe quelque chose de différent me galvanise. Je crois qu'on appelle ça l'espoir. Mais ça fait tellement longtemps que je n'ai pas entendu ce mot que...je doute. Où le vois-t-on hormis dans les histoires ?

    Mon regard s'échappe et s'arrête sur le mur gris. Je repense à mamie qui me parle d'herbe verte, de ciel bleu et de vitre qui permettent de voir l'extérieur. C'est une histoire que lui racontait sa grand-mère...

    Ici, les fenêtres sont une utopie. Ahh si seulement...

    Mais les maisons sont collées les unes aux autres, la notion d'extérieur n'existe même pas. La ville où je vis s'appelait Tokyo il y a cinq siècles. Son domaine de prédilection, c'est la robotique.

    Et le contrôle.

    J'ai compris cela en rêvant la nuit dernière. J"étais persuadée que jamais je n'aurais les moyens de rêver, avant.

    Avant, avant, avant ; c'est quand ce mot s'insinue dans notre tête qu'on comprend à quel point les choses  ont changé.

    Ils contrôlent nos esprits, car aujourd'hui ils sont dépourvus de désir.

    Ici, rêver à un prix.

    Nous sommes des machines, car on a retiré la base du désir d'un monde différent. Le rêve offre une alternative à cette vie et j'ai toujours cru qu'elle n'y en avait pas. Le rêve est l'occasion de concevoir ce monde d'une façon différent, de voir faire mieux, d'avoir des objectifs, d'être.

    Ils ont retiré la graine qui faisait germer toutes les autres.

    Je comprends maintenant, pourquoi tous ces hommes riches et puissants de la planète sont drogués au rêve, drogués.

    J'ai toujours pensé que jamais je n'aurai les moyens de m'offrir un rêve. 

    Et hier soir, un homme est venu et m'a dit : "As-tu jamais rêver de rêver ?"

    Et j'ai bêtement répondu : "Vous croyez que c'est possible, vous ? Faire quelque chose dont on ignore tout ?"

    Il a haussé un sourcil :" Et si je vous dis que rêver n'est pas un luxe ?"

    Il m'a proposé de le suivre. Je l'ai suivi. Je suis folle ?

    Vous savez, dans un monde où la probabilité que notre vie prenne un sens différent, l'envie même qu'elle prenne un sens différent n'existe pas, la vie perd vite de son intérêt ; et, pour la première fois, j'avais envie d'en savoir plus.

    Et j'ai rêvé.

    Avant de partir, il m'a glissé un papier avec écrit R dessus et une adresse ; je sais maintenant ce que c'est. Non pas R comme rêver, mais R comme rébellion.

    Je suivrais cet homme jusqu'au bout du monde s'il peut me permettre de rêver à nouveau. De montrer au monde entier à quel point notre cerveau est magnifique et peut nous offrir des instants drôles, magiques ou terrifiants au moment où nous sommes les plus vulnérables.

     

    Maéli.

    PS : Je suis désolée pour le retard :/

    Demain, une nouvelle "Clair de Lune" et après-demain "Apocalypse".

     

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