• Pas la volonté

    J'pensais pas en arriver là.

    Je regarde les différentes parties de moi se battre en duel, se déchirer, se foudroyer du regard.

    Je gribouille mais je suis ailleurs. Je lis mais les mots ne font pas sens. Je pense à n'en plus finir. Les émotions s'entrechoquent.

    Je les vois danser sous mon crâne comme des atomes, ou alors des impulsions électriques qui se percutent et parcourent des milliers de kilomètres en des fractions de secondes en des éclats de lumières ; implosent finalement, poussières de peinture senteur d'épices.

    A force de faire un feu la cheminée a presque brûlé et je fixe la cendre, assise sur mon canapé. Plus d'envie. Les horizons se dessinent se découpent et se reforment selon un algorithme qui m'échappe. Tout m'échappe ces derniers temps.

    Ou alors je me suis réveillée d'un rêve. O amère illusion, me voilà en plein désert ; les mirages se troublent ou mes yeux cherchent-ils un échappatoire ?

    On n'a jamais rien retenu. Tout passe.

    Et la seule manière de garder quelque chose de ce qui s'en va, de ce qui est déjà loin c'est de l'imprimer dans son corps. En faire vibrer ces cellules, créer cette mélodie qui vous rapproche des cieux et qui vous garde dans le seul lieu qui vaut vraiment la peine qu'on s'y attarde : maintenant.

    J'ouvre les paupières et je vois à travers le mur de mes rêves -le futur- tout ce qu'il faudrait franchir pour qu'il se concrétise, peut être un petit pas et quoi, la réalité m'effraie ? Frustration.

    Paupières closes à nouveau pour ressentir, visiter ce château intérieur. Pas la volonté.

    Il ne reste qu'un pas, un tout petit pour enclencher la machine. Et si ça ne marche pas ?

    Dialogue de sourd dans mon intérieur.

    On attend que la tigresse rugisse à faire trembler les parois de la caverne, à nous mettre à l'envers et surtout à notre place. Elle fait profil bas depuis que tu l'as réveillée. Elle la joue aux coups d'éclats.

    Je lui ai mis beaucoup de chaînes. Elle grogne.

    Et quelque part, j'aimerais qu'elle sorte enfin, qu'elle les bouffe mes peurs, qu'elle les bouffe mes pensées sur le passé le présent et le futur, qu'elle fasse trembler le temps les mensonges et les lâchetés ; et qu'elle nous ramène à cet instant d'éternité qui ne s'arrête jamais.

    J'aimerais sentir sa puissance et sa confiance pour arrêter le mensonge ; pour en cesser avec la fuite. Faire front.

    Sur mon canapé, dans la pénombre, ma combativité est au caveau. J'ai pas le moral. Paupières closes. Ailleurs. Nulle part. Vide et pourtant mes pensées passent de films en films, différents personnages différents scénarios passé présent futur. Elles jouent à saute mouton entre suppositions, désirs et peurs. Elles ont leur vie propre et s'agitent là où je ne peux leur échapper.

    Il suffit d'un instant d'inattention.

    De mon entre-deux mondes me parvient un bruit entêtant. La mélodie d'un combat dans mes tripes. Comme des chaînes qu'on essaie d'user par un mouvement répétitif ; comme l'aube d'une nouvelle liberté.

    On a décidé de faire un nouveau feu dans la cheminée, en attendant. On a décidé de de remonter les manches et d'enfiler de nouveau les bottes. On avait un motto : ne pas s'arrêter juste avant le miracle.

     

    Maéli

    « Arrêter les mensongesUn battement »

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