• Un battement

    Un battement. 

    Un silence.
    Et encore un battement.
    Tout n'était qu'une histoire de battement. 
    Juste au bon moment. 
    Saisir le temps, le cogner pour le mettre à terre et récupérer notre empire sur ce bout de tissu qui nous file entre les doigts le temps d'une existence. Et puis tout est fini.
    Un battement. Celui d'une paire d'ailes, celui d'un coeur dans sa cage, celui d'une baguette sur la caisse claire.
    La rivière serpente et l'eau clapote contre les rochers. Le soleil brille sur la surface. L'endroit respire la joie. Un battement. 
    L'immuable. N'être qu'un clignement de paupières, qu'un grain de sable dans l'Univers ? 
    Il y a des jours je m'y résoudrais bien. 
    Pourvu que ce battement résonne aussi fort que mon coeur dans mon intérieur, que mon sang palpite dans tout mon corps et que je me sente vibrer. Corde qui crie dans le vide.
    Mais alors j'aurais touché l'éternité.
    D'autres jours je voudrais lancer mon poing au ciel en un cri de guerre et lui hurler que j'allais le déchirer à mains nues. Que, comme une feuille de papier, j'en ferais des origamis de la poussière et des brasiers.
    Qu'à chaque coin de la Terre, j'allumerais des grands feux avec les horloges qui nous dictent le temps qu'il nous reste à vivre pour que jamais mes frères n'oublient de s'embraser. 

    Alors je me réveille.
    Un battement. Je prends conscience.
    Quelques battements plus tard, je suis encore là, scotché.
    Je prends conscience du monde autour de moi qui ne bat plus. Lente agonie. Il n'y a plus de rythme nulle part ; ni danses, ni chansons, ni courses effrénées. Pas même le son des rires qui carillonnent. 
    Je me sens comme un gigantesque coeur qui bat ; quelque chose d'énorme qui prendrait une place immense tellement il dégage de la chaleur. Un feu de la Saint Jean planté dans le métro. Mais, chose incroyable, personne ne semble le remarquer.
    Le cauchemar paraît démarrer. J'en oublie un battement. Je tourne la tête à droite à gauche et scrute les gens uns à uns. Je cherche un regard, une flamme. Rien qu'une braise.
    Deux battements précipités... 
    Je voudrais me caler sur un rythme, sur une chanson. Mais même dans le bruit de pas des parisiens, il n'y a pas de mélodie. Tout est bien calibré sur un temps qui vous ronge les os. 
    Le monde s'est endormi, avachi dans son canapé. Mes battements deviennent terribles avec le désespoir. J'ai peur de me fondre dans la mêlée et d'en oublier un jour ce battement qui me rend si heureuse et si vivante. 
    Je voudrais les faire vibrer. Allumer des feus partout -aux illusions, aux maisons, à leur lit, s'il le faut. Qu'ils se rappellent que nous étions poussières. Et que même si nous y retournerons, nous sommes un immense battement qui bat à l'unisson ; un orchestre façon perfection qui n'est que bonheur.
    J'ai beau claquer des doigts sous le nez des passants, on me bouscule. Battement désordonné. 
    J'ai allumé des bougies et j'ai vu au fond des regards qu'à l'intérieur pas de cendres, pas de braise. Mais une flamme qu'on a réduit au maximum pour la ranger dans une lampe à huile. Pour la protéger du vent et des intempéries, pour la faire durer et ne pas se consumer.
    Une flammèche qui crève d'envie d'un incendie. Mais qu'on a endormie pour qu'elle reste bien à sa place, là où elle ne risque rien. 
    Un battement. Un coup de batterie qui résonne. Rien n'est perdu. Il faut réveiller cette force violente en nous qui n'attend que de rugir pour nous ramener à la vraie vie. 
    Celle qui nous fait vibrer, celle qui nous rend joyeux simplement pour un battement, 

    Je t'aime comme un orage..

     

    Maéli

    J'ai écrit, comme on avait dit et quand j'ai eu finis et que ces mots me sont venus "je t'aime comme un orage", j'ai su que c'était pour toi ma louve. 

    On va rallumer ces feux de joie qui brûlent en nous sans se consumer et qui nous rendent vivantes. 

    « Pas la volontéJe n'écris plus »

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