• 15_ Celui-là, je l'attendais pas

    Corinne est entrée dans la salle, je me levais déjà pour sortir. Dans un bruissement de manteau, de fauteuil, je lui ai dit : "Merci Corinne, merci"

    Au moment de lui faire la bise, elle m'a agrippée et m'a serrée contre elle, son murmure est parvenu à mon oreille : "Reviens-nous, Sophie, quand tu seras prête, reviens-nous."

    Mes yeux se sont mouillés.

    Je suis un navire et mon ancre s'est détachée et la mer veut sortir de moi. Corinne m'a soudainement lâchée et s'est reculée. Elle m'a raccompagnée jusqu'à la porte, dans son hall plein de cadres. Je me suis rappelée qu'elle pouvait passer des heures à chercher des cartes, des photos à encadrer ; peut-être avais-je même partagé certains de ces instants avec elle.

    Je suis sortie et j'ai regardé la pluie tomber. Le ciel est sombre, si sombre... 

    La nuit approche et j'ai intérêt à filer ; ma minnie me manque soudainement. 

    Je jette un coup d'oeil en arrière alors que je me suis lancée dans l'allée menant à la sortie du jardin. Corinne me regarde, partagée entre inquiétude et espoir. 

    Je souris.

    Elle me crie :

    -Prends soin de toi !

    Comment ai-je pu détester cette femme ?

    Je lui fais signe de la main.

     

    Le Café du Coin, j'étais persuadée de savoir où c'était, je ne sais presque rien. 

    20h approche, et je tourne en rond. Je suis une corde usée, si usée. Je sais pas si j'ai envie de savoir, je sais plus.

    Je peux faire demi-tour, tenter de retrouver la maison de Corinne, lui dire je veux retrouver ma vie d'avant, même si je ne m'en souviens pas, je veux retrouver notre amitié et la chaleur de vos présences aimantes à mes côtés.

    Je ne veux pas entendre la voix grinçante d'Anna ni l'entendre râler ; j'en ai marre de mes bêtises.

    Je veux pas savoir.

    Nan nan nan, c'est trop pour moi.

    Je m'assois sur le bord du trottoir.

    Je pense à ces noms ; Anna, Vincent, Matthieu. Oh, dire que je ne sais rien d'eux... Vu comment elle en parlait, Vincent doit même m'être cher. J'en rirais presque ; j'ai bien de fait de renoncer. Je lui dirais quoi ? "Salut, tu dois être Vincent, en fait j'en sais rien, on doit avoir couché ensemble des centaines de fois, oui, parce que je suis une fille facile et puis bah... tu dirais quoi qu'on fasse connaissance, qu'on s'abstienne et que je décide ce que je veux ?"

    Nan, c'est carrément ridicule.

    Mon téléphone vibre et la tentation est forte de le balancer ; c'est probablement Anna qui veut savoir où je suis, ce que je fais, ce qui va pas. Je souffle et décide de regarder l'écran.

    Je me fige.

    Ce coup de fil-là, je l'attendais pas.

    Pas du tout.

    Mécaniquement, je décroche. Je mets le téléphone près de mon oreille, et j'attends.

    Le monde s'effondre autour de moi.

    -Allô ?

     

    Maéli

    Désolée, je suis occupée, pour ne pas dire complètement dépassée ; tout redeviendra normal à la rentrée, promis ! En attendant, savourer cet épisode ;)

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