• 9..Tiraillements

    Julian

    Mon coeur s'est-il arrêté ?

    Tout serait tellement plus simple à présent...

    Je vogue, divague et plane.

    Je tente de relever ma tête et baisse les armes ; je suis bien trop faible.

    Mon corps me démange, mes mains me tiraillent, ma respiration est hachée et mes poumons menacent de me lâcher. La frontière...

    Je la sens presque du bout de mes doigts chauds. Chauds car rouge sang.

    Je me refroidis, d'façon, mon coeur est en pierre diraient certains alors il ne me tiendra pas longtemps. Peu de temps à attendre.

    Chacun son heure, hein ? Un ricanement et des côtes qui me tirent.

    Mes membres me font regretter le moindre soupir, le moindre rire.

    Fumée, nuage, brouillard.

    Je sombre.

     

    Feuilles qui s'effritent sur des pas, pensées à Zoé, qui entraînent avec elles Elizabeth, la pierre qui roule, un semblant de baiser, surprises, déchirures, William... Sursaut.

    Le coma vaut mieux que ces pensées qui sont comme des cailloux qui dévalent cette pente qui s'ouvre sous moi.

    Mais qu'est-ce que je fais là ?

    Perdu, désoeuvré, à moitié mort.

     

    Pardon, Steven, pardon si j'tiens pas ma promesse.

    Désolé si j'ai pas su la rendre heureuse, pas su l'être à mon tour, si c'est l'fouillis, si j'te rejoins avant d'avoir fini, pardon mais la réalité ça devient trop dur à supporter sans toi, grand frère.

    Des souvenirs de sourires, de printemps, du temps d'avant, de ces moments que je garde en moi, comme entre deux feuilles de papier, pour me rappeler de l'odeur de ces instants, pour les conserver ; intacts.

    Déchirement qui vient de l'intérieur, je lève la main, ah oui, mon sang, c'est vrai, faut que je me bouge, mince, Steven.

     

    Des éclats de voix me parviennent, me ramènent de loin, loin loin, mes paupières se ferment....

    Je fouille, cette voix me triture la mémoire, cette voix...

    Elizabeth.

    Même à moitié mort, je la r'connais.

    Un soupir m'échappe, oh vie cruelle, si tu savais à quel point je rêve de t'étrangler...

    Pourquoi a-t-il fallu que je la rencontre ?

    Pas précipités, pensées saccadés, feuilles qui volent et vent qui caressent, mon sang s'en va et la vie qui coulait dans mes veines avec et je crois que je ne m'en fiche plus autant.

    Mon cerveau peine à démêler les paroles, les mots qui se heurtent, font le grand huit, les voix montent et descendent ; une dispute ?

    Un hurlement, distinct, un quoi qui me déchire les tympans, reste accroché dans ma poitrine et se refuse à en sortir. Il bat des ailes et me déchire les entrailles ; comment peut-il y avoir autant de douleur dans une syllabe ?

    Oh 'tite Elizabeth, laisse-moi te consoler...

    Et dans ma tête suivent cette pensée d'autres sensations qui se bousculent et me tirent des deux côtés, culpabilité, douleur, tristesse, Zoé, choisir, trahison, Steven, maintenant, demain, hier, c'est trop, je vais exploser ! 

     

    Le bruit qui vient par ici, ils se rapprochent, je ne peux même pas réagir, je décroche, je saisis un "oh mon dieu..." de mon Elizabeth et le monde tourne, tourne et je tombe.

     

    Elizabeth

    Il est là, à terre, à mes pieds, couverts de sangs.

    On dirait des blessures de guerres sur ces joues ; mais qu'est-il allé faire ?

    Son corps est parsemé de griffures, et ces mains...

    Je suis saisis d'une peur plus grande que tout, un vide s'ouvre en moi et le vent y souffle ; un vent glacial qui me fige. Mon coeur rate un battement, et je reste là, tétanisée.

    Jamais je n'oublierai.

    Willi s'est précipité, le souffle court, l'a pris, a tenté de le faire bouger, a grimacé ; et moi, j'étais là, plantée hors du temps.

    J'ai pris racine en ce sol.

    Willi m'a regardé, je crois qu'il a compris, il n'a pas paniqué, il m'a pris la main, regardé dans les yeux, a soufflé, fouillé et m'a dit :

    -Il est trop lourd.

    Et j'ai pensé : "Il va mourir."

    Mais j'ai prié "sauve-le."

    -Ne bouge pas de là, d'accord, veille sur lui, il ne vous arrivera rien, je t'en fais la promesse. Je vais chercher du secours, je fais au plus vite, promis !!

    J'ai hoché la tête.

    Ses deux inquiets m'ont fixés, ses lèvres ont mimé une réponse à une dernière question et je me suis retrouvée, seule, à deux mètres d'un être qui m'avait obsédée dès le premier regard. J'avais cru avoir appris à me passer de lui.

    J'ai fait un pas, comme s'il m'était inconnu, deux, à croire que j'étais une étrangère, un troisième, sans un bruit, comme si je me refusais à troubler son sommeil.

    Et, d'un coup, je me suis affaissée sur lui.

    Comme une poupée de chiffon, être sans consistance, j'ai coupé les fils qui me tenaient encore debout.

    J'ai enfoui ma tête sur son ventre, mes bras sur ses blessures, le monde s'est effondré quand mon corps m'a lâchée.

    J'ai commencé à pleurer sur ce corps presque sans vie ; comment le réchauffer ?

    Et les lèvres de Willi qui à cette question "comment ?" avaient formé ces mots : "tentative de  suicide".

    Ne me quitte pas.

    Un suicide ?

    "Nan, pars pas", un murmure que je lui renvoie et qui me vienne d'un autre jour, d'une autre détresse.

    Je suis sa dernière chance.

     

    Maéli.

     

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