La lune est là haut, posée dans le ciel, sur son lit de coton et d'étoiles.

Elle m'attend.

Nuit après nuit, elle se perche là, en espérant nous guider.

En espérant qu'on la verra.

Le bout du nez dehors et tout s'envole, tout part avec la senteur de la nuit, cette boule, là, au creux de ma cage thoracique et tout ce qui remplit ma tête et qui dit tic tac tic tac, le temps passe, tic tac le temps s'enfuit et tu redoutes demain.

Y a p'us rien en moi, p'us rien de moche qui te dit à cet instant où tout va "y a un truc qui cloche" et ce truc il est en toi et t'auras beau prendre tes deux bras et essayer de l'extirper, t'y arriveras pas.

C'est la peur.

D'un demain à tout ça.

C'est la peur.

De pas être à la hauteur, ou que, juste la roue tourne et me dise "c'est pas fait pour toi".

J'ai fait un pas dehors et j'ai expiré une fois. Alors pour cette fois, tout s'est évaporé. 

Et j'ai parlé aux étoiles.

C'est comme si, d'un coup, la marée s'était tue, le bruit du ressac avait disparu, le moteur avait arrêté de crapoté, le temps avait dit ok, ok je m'arrête, le temps d'une nuit.

C'est comme si, comme ça, j'étais devenue -redevenue- libre, je pouvais m'élancer en bas de la montagne, mes ailes me porteraient, je pouvais faire n'importe quoi, tout était permis, et c'est comme si, au lieu d'avoir peur, j'avais enfin devant moi les milliards de possibilités d'avenir dans ces boutons d'étoiles et que j'ouvrais les yeux. Parce que c'est beau et que j'avais fini par avoir confiance.

Alors, je suis revenue.

Nuit après nuit, le temps s'est arrêté.

Maéli.