• Reste

    On joue à je m'en vais mais reste. Oui, reste encore un peu. 
    Ta peau. Ta voix. 
    Je t'aime moi non plus mais, je t'en prie, ne pars pas.

    Et si c'était toi ? 
    En suspension dans l'air ; une parenthèse entre  mon cœur et la réponse.
    Je me sens sur les planches du théâtre à jouer à Roméo et Juliette comme si nos familles ne voulaient pas que l'on soit ensemble ; comme si l'on pouvait trouver d'autres coupables à notre situation que nous-mêmes.
    Une étreinte à mon monde intérieur, pareille à une angoisse qui voudrait s'agripper ; je ne rêve que d'envol. 
    Prends-moi dans tes bras ; juste pour une fois. On pourra faire comme si rien de tout ça n'était arrivé, c'est promis. 
    On pourra jouer nos et si sur la table et coup de poker, il est encore temps de faire machine arrière.
    Le ciel est clair au-dessus de ma tête et le monde tourbillonne autour de moi ; pigeons, enfants et parents. Le métro démarre, déverse la foule sur le quai, sonne et s'en va. Je ne suis pas montée.
    Je me sens un peu claustrophobe aujourd'hui. Le pied entre deux marches, avec mes talons ; et il y a cette angoisse insensée qui me prend de ne pas trouver la marche suivante sous mes pieds.
    Reste. 

    Un murmure. Mes cheveux dansent autour de mon visage et je les secoue dans l'espoir de ne pas en faire mon repas. J'aimerais rugir, d'un coup. Je me sens forte en même temps que fragile. Un petit paradoxe de rien du tout. 
    Mon regard passe sur les immeubles et les trottoirs, les arbres aussi ; mais c'est le ciel que je cherche.
    Ou alors, emmène-moi avec toi comme dans ces rêves que tu décrivais ; ailleurs me suffit, alors choisit. 
    Un ailleurs comme tu sais si bien les faire ; avec ce goût de nouveauté sur la langue et cette brindille d'innocence dans les mains. Emmène-moi où tu voudras.
    N'est-ce pas que nous jouons encore ? 
    A tâtonner, à apprendre à s'aimer ; tu peux ouvrir les yeux sans être effrayé, la pellicule du temps se déroule sans s'arrêter mais mon cœur ne t'a pas quitté.
    Quelle étrangeté ; avoir peur de perdre sans posséder, sans même d'avoir une simple assurance. 
    Je suis dans l'accordéon d'un tramway qui tourne sec ; il me faut garder l'équilibre. 
    Ce matin, il y avait des cartes sur la table, et parmi les je t'aime un peu beaucoup à la folie pas du tout, j'ai enfin regardé celle que j'avais dans la main.
    Reste. Encore un peu, au moins.

     

    Maéli

    « L'ineffableCalme »

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