• Ça sonne dans le vide, ça sonne dans le vide, ça s'éternise, ça m'étire... Ça me fatigue.

    J'ai les battements de mon coeur qui s'accélèrent ; que faire ?

    Je le sens mal, tellement mal, et je sais pas ce qui s'est passé cette nuit, je sais pas et si tout était lié ?

    Je m'assois sur le trottoir, j'ai la tête qui tourne et mon portable dans la main qui bip bip et qui me dit de laisser une message, mais j'ai la gorge sèche.

    Je passe la main dans mes cheveux et je me dis, OK, on oublie hier -comme si je m'en souvenais- et on prend la situation en main. T'es grande, nan ? Je flanche à peine quand je me rends compte que je n'ai pas d'idée précise de mon âge, c'est la nuit, je suis désorientée.

    Je souffle et j'appelle Henri. Je sais pas pourquoi, mais j'ai comme l'impression que ça fait longtemps que j'ai pas cherché à l'appeler. Et quand il décroche, je menace de m'effondrer en larmes.

    Sa voix est incertaine, à l'autre bout du fil :

    "Sophie ?

    -Henri !

    Et il y a comme un silence, mais je n'y prête pas attention, j'ai mon frère avec moi et tout ira bien. 

    -Qu'est-ce qui se passe, Sophie ?

    -J'arrive pas à joindre maman

    Ma voix est heurtée et "maman" à moitié mangé parce les sanglots manquent de m'étouffer.

    -Sophie ?

    Je m'inquiète, la tension remonte, je tremble comme une feuille ; et soudainement, peut-être que je ne veux pas savoir.

    -Tu vas bien ?

    Il a l'air aussi sacrément angoissé et j'ai presque envie de lui dire, "désolé Henri, j'ai encore fait des bêtises", comme quand j'avais 13 ans et qu'il en avait 16 et qu'on était persuadés qu'il pouvait me protéger de tout.

    -Henri, je me suis réveillée ce matin et je ne me souvenais pas de ce qui s'est passé, je ne me suis pas arrêtée, je ne voulais pas lui laisser le temps de soupirer, et j'ai voulu appeler maman. Et son téléphone ne réponds pas.

    Il a soupiré quand même, mais ça ressemblait à du soulagement. Je n'ai pas cherché à comprendre.

    -Sophie, je ne sais pas ce qui t'es arrivée, mais je crois que je ne vais pas t'apporter de bonnes nouvelles...

     

    Maéli

    La suite la semaine prochaine ;)


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  • J'ai la plume qui glisse qui crisse qui s'accroche et l'encre qui décroche qui s'éparpille sur la feuille blanche

    C'est ta voix dans mes oreilles

    Ce sont ces cordes qui s'effritent dans le vent

    et les plumes du temps qui les enveloppent et les emportent

    et c'est mon coeur à la dérive qui s'échoue sur une plage, qui embrasse les rivages

    Deux 

    notes 

    de piano qui tombent du ciel ; comme la pluie, comme deux cordes de survie

    Deux blanches sur un fil, deux bulles en équilibre

    C'est deux points ronds, comme deux questions qui frappent à la fenêtre 

    Les nuages avancent, le soleil brille, le vent souffle, la pluie tombe, la roue tourne, les temps changent ; on est au milieu d'une horloge, on est des pions des rouages ; dis-moi t'as déjà joué aux échecs ?

    Qui décide du roi et des fous ?

    Y en a qui marchent pas droit, y en a qu'avancent pas y et y en a qui se font bouffer tout cru pour assurer du temps à ceux qui mettent pas un pied devant l'autre.

    Nos rêves sont faits de quoi, dis-moi ?

    Dans mon sommeil, j'ai vu mille couleurs...

    Dans mon sommeil, j'ai vu un fou marcher droit...

     

    Maéli


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  • Des fois je me demande comment on en est arrivés là.

    Dans le vent d'hiver, dans le blanc de la Lune, dans les couleurs d'un soir...

    Et puis la nuit dégrafe son manteau et c'est le jour qui murmure dans la buée du matin que tout s'en va.

    C'était le destin ?

    Des fois je me demande ce que tu es devenu.

    L'automne se déguise en printemps, j'ai envie de courir dans les feuilles, j'ai les yeux qui brillent de leurs lueurs jaune rouge orange ; c'est comme si le monde se dénudait.

    J'avance, à ma vitesse, je cours dans les vignes et je m'assois dans l'herbe ; je rêve face à la Lune et je dors sous le soleil de midi.

    Le monde se réveille ; tu dors encore ?

    Des fois, comme ça, je me demande ce qui s'est passé.

    J'envoie un bouquet à la fosse, j'ai enterré des milliers d'avenir, des milliers de moi à vos côtés, j'ai fait le deuil de vos sourires, de vos soupirs, et de vos trucs à vous ; mais c'est pas un peu dur tout ça ?

    Les papillons rigolent dans le silence, j'avance la tête, le précipice, le vent, l'insipide vie, et j'ai compris depuis longtemps qu'il fallait rayer insipide, parce que 

    dans mes yeux vous avez vous l'automne l'été le printemps et l'hiver ; j'en veux à personne.

    Des fois, je me demande juste si tu te souviens de moi.

    Maman m'a dit hier couvre-toi, et je lui ai répondu que je ne pourrais plus jamais avoir froid.

    Et son regard me dit mais tu n'as pas froid, et je voudrais lui dire qu'il y a quelque chose qui brûle en moi, si fort que j'aime le froid, qu'il me picote, qu'on se taquine entre amis, mais que l'amour brûle si fort en moi que je ne sens pas les caresses du froid.

    Des fois, je me demande comment t'as choisi.

    Si ça s'est fait tout seul, si elle est mieux, si je suis un souvenir effacé sur le tableau par un vieux coup de chiffon, si j'entrais pas dans l'équation ; je ferais mieux d'arrêter de poser des questions.

    Il m'a fallu beaucoup d'amour pour devenir celle que je suis, 

    Alors, merci ?

     

    Maéli.


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  • L'ampoule grésille.

    Je la fixe.

    Un papillon dans la nuit, un papillon dans le rayon du lampadaire ; un papillon noir posé sur une feuille blanche.

    Je la fixe.

    Je cligne des yeux, retour au moment présent.

    Le vent qui souffle dans l'herbe, deux éclats de rire.

    Comme un souvenir lointain ; inatteignable.

    L'ampoule clignote. Il fait noir, je devrais peut-être rentrer, au lieu d'attendre que tu viennes, il fait noir et les ténèbres sont tout ce qui m'attendent si la lumière s'éteint. Ça fait des jours que j'attends.

    Je prends racine pendant qu'on abat l'espoir dans mon coeur.

    A la tronçonneuse, à la hache, avec cette acharnement qui vire à l'obsession. Coup par coup.

    Ça fait longtemps que j'attends sous la pluie. Si longtemps que je ne sens plus l'eau. Il fait frais. Mais j'en oublie les courants d'air dans mon coeur.

    Je serre assez fort mon sac contre moi pour que la douleur passe en arrière plan, comme une tapisserie moche qu'on aurait oublié avec le temps, on s'y habitue. Je presse mon sac contre ma poitrine en espérant ne pas voir le sang qui tache mon chemisier.

    Je tremble de froid, ça fait des jours que je t'attends, sous le lampadaire de la 7ème rue et tu n'es toujours pas venue.

     

    Maéli


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  • https://www.youtube.com/watch?v=IYkZSgReAC4

     

    Sur un fil

    tu m'étires...

    A l'horizon de 

    nos pinceaux

     

    crie le vent, pense le temps

    Se tait le silence, de nos blessures irritées 

    Les guitares tirent les cordes attirent les fossés 

    sauté roulé boulé ; petit pois a dévalé la colline

     

    Entre tes bras, entre deux ponts

    j'ai vu le monde sans voile, sans toile

    les files s'étirent, les élastiques s'écartent...

    La pression de tes doigts sur mon cou me prendra-t-elle au au piège ?

     

    Je piétine, je patine et doucement je glisse...

    Les feuilles dansent et la nuit s'installe

    Demain au sein de sa fleur détient les réponses

    demain, ses pétales tomberont...

     

    Maéli

    Dans un moment d'égarement

     

     


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  • Je cligne des yeux. Une fois deux fois et à n'en plus compter ; c'est plus fort que moi, ça focalise mon attention.

    Ça m'oblige à ne pas me fixer.

    Dans ma tête, c'est la page "error 404 not found". C'est une page blanche, avec de la ponctuation blanche.

    J'ai enfilé un pantalon et un sweat, en me forçant à ne pas contempler la déchetterie qu'est devenue mon studio. J'ai envie de pleurer, maman...

    Mais plus gênant encore, c'est cette phrase qui me revient sans arrêt "il faut que j'appelle maman". A rythme régulier, elle revient. Comme un murmure au dessus de mon épaule, dans un souffle.

    Je suis un accordéon abîmé.

    Et d'un coup, j'ai envie de tout balancer, et je me dis qu'il faut que j'arrête de penser, alors je sors de mon appart' en coup de vent ; je veux échapper à tout ça. Rien qu'un instant.

    Des gens que je ne connais pas me saluent et semblent attendre que je m'arrête, mais je ne peux pas, je ne peux pas, j'ai cette sirène qui crie dans mes oreilles. Elle braille si fort que je n'entends rien.

    Je piétine devant l'ascenseur et d'un coup, le ciel me tombe sur la tête, une idée, si forte qui me dit que je ne prends jamais l'ascenseur parce qu'il ne marche pas et je me dirige vers les escaliers, pour courir.

    Je pars comme une fusée, si bien que j'en ai les poumons qui brûlent avant même d'avoir fait deux cent mètres ; mais je peux pas rester là, je peux pas m'arrêter et laisser la machine repartir.

    C'est la panique qui s'engrange quand mon corps se tait.

    Alors je cours à en pleurer, je cours à n'entendre que mes pieds sur le goudron, je cours et mon souffle se calme, je cesse d'avoir l'air d'une machine usée par les années, je respire l'air, je cesse de l'avaler ; les boutons s'éteignent, petit à petit dans mon cerveau et le calme revient.

    Alors je m'arrête, sur le bord de la route et je compose le numéro de maman.

     

    Maéli.

    La suite la semaine prochaine ;)


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