• Et je danse et descendent du ciel ces gouttes d'or et je bondis de flaque en flaque ; je suis sur un nuage 

    Pour la première fois depuis trois semaines, la fatigue a pris la porte de sortie ; je me sens de nouveau remplie de ce souffle qui me portera jusqu'au bout du monde

    de ce souffle qui me réchauffe le cœur

    qui me rappelle d'où je viens où je vais où je cours

    et la colère a fait la malle elle a pris la trappe 

    Et je chante et les notes s'élèvent et clignotent les étincelles dans mes yeux et le monde s'illumine se réveille, le jour nous appartient enfin...

    Je me sens de nouveau moi-même aujourd'hui et ce vent qui emporte tout sur son passage 

    et voilà ton image et voilà que je ne sais plus quelle direction prendre

     

    Maéli

    Qui se sent à nouveau en vie. Mais toujours un peu perdue.


    8 commentaires
  • La grenade m'a explosé dans les mains.

    Je savais plus quoi faire, tu comprends ?

    Je sais que ça t'as éclaboussé je sais que t'as pas compris ; j'ai chaviré

    Et le sourire dans ta voix qui me retenait ; auquel je me suis encore accrochée, comme s'il allait m'empêcher de tomber, comme si après-demain tu n'irais pas disparu sans nou

    velles, sans prévenir, sans rien dire 

    J'aurais voulu ne rien dire ou tout jeter contre un mur ; mais de nouveau, dans ta bulle tout est parfait et je me sens folle folle folle comment j'ai pu souffrir autant ?

    Peut-être que ce soir le sommeil me cueillera enfin.

    Un mur m'est tombé sur la tête, j'ai comme l'impression qu'on vit dans deux mondes parallèles ; et que c'est moi, moi, moi... qui suis trop fatiguée trop inquiète trop à bout et

    je me balade d'avant en arrière, je suis perdue.

    Je m'accroche aux spirales sur mes feuilles qui m'avalent, et me recrachent, le cerveau en compote ; je vais sur l'autre rive, celle où tu n'occupes pas mes pensées, celle où rien ne peut m'arriver.

    Le piano murmure doucement et le feu chantonne dans l'âtre, j'ai les pensées qui crépitent ; mes peurs ont pris la fuite.

     

    Maéli


    3 commentaires
  • https://www.youtube.com/watch?v=HJj4bZsYw5U

     

    Le mur a tremblé. Une fois. Deux fois.

    Je me suis recroquevillé encore plus sur moi-même ; les bras entourant les jambes, la tête dans les genoux.

    Je crois que la photo de papa et maman sur le mur est tombée, c'était la dernière chose encore accrochée ; le verre que j'ai laissé sur la table tout à l'heure cligne cligne cligne.

    Pour me faire rire, Amina me disait que les tremblements de terre devaient ressembler à ça. Maintenant, ça fait longtemps qu'Amina n'a pas essayé de me faire rire. Ça fait longtemps qu'elle n'est pas rentrée.

    J'ai serré ma mâchoire à m'en faire mal ; j'ai même eu peur que mes dents explosent sous la pression.

    Le mur n'a pas cessé de trembler.

    J'enfonce mes ongles si profondément dans ma peau que j'en arrive au sang. Ce n'est pas grave, quand maman reviendra, on mettra un pansement.

    Le plus dur, dans tout ça, c'est le bruit. Il est assourdissant. En continu, les balles heurtent les façades, et les bombes sifflent et tombent. La dernière a détruit mon école. Maman a dit que ce n'est pas grave, que de toute façon, je ne vais plus à l'école.

    Il fait noir dans ce placard, et je ne veux pas ouvrir les yeux ; fermer les paupières, les serrer l'une contre l'autre jusqu'à ce que tout ça cesse.

    Je voudrais pleurer. Il paraît que ça ne sert plus à rien. Je me sens seul dans mon placard, j'ai peur du noir ; peur des monstres qui se glissent sous les lits. Je suis paralysé.

    Je crois que je me suis fait dessus. 

    Je n'ai pas d'autre vêtements. Je ne sais pas pourquoi il pleut sans cesse des points noirs, je ne sais pas ce que j'ai fait ; pourquoi nous ? Peut-être que si j'avais été plus sage à l'école on aurait pas détruit mon école ? Peut-être que la famille d'Ali ne serait pas partie ? Et que mes amis n'auraient pas disparu ?

    Je sanglote dans mon placard. Le temps s'étire et maman m'a dit si je ne reviens pas

    La peur enserre mes entrailles.

    J'ai peur que maman m'ait oublié. Ou qu'elle m'aie abandonné. 

    Je ne sais pas ce que ça fait de mourir.

    Peut-être qu'Amina est là-bas. Papa aussi. J'aimerais bien une autre histoire, ce soir, comme avant, j'aimerais bien dormir sous une couette prendre un bain faire mes devoirs rire aux éclats ; jouer aux voitures manger le maqluba de maman, entendre papa siffler.

    J'aimerais bien fermer les yeux et que rien de tout ça ne soit arrivé.

     

    Maéli

    Je sais que c'est rien mais... à ceux qui s'endorment sous les bombes, à tous ceux qui meurent à Alep. Et partout dans le monde.


    6 commentaires
  • C'est ça, hein ?

    Aujourd'hui demain hier et dans trois ans, on se retrouvera au même point, hein ? 

    On se retrouvera en tête à tête avec la même litanie ; t'es-trop-gentille-faut-pas-c'est-dangereux, putain-la-vache-t'es-trop-sensible-faut-que-t'arrêtes, mais-c'est-pas-ta-faute, merde

    pas ta faute s'il est parti et si lui aussi, si l'autre a pris la poudre d'escampette, s'il t'a oublié ; c'est pas ta faute s'il t'a menti si t'as échoué si tu t'es fait recaler c'est pas ta faute s'il est dans la rue c'est pas 

    ta 

    faute

    On va se retrouver à faire la fête avec ces cocos qui gueulent sur la musique arrête de voir sauver le monde pense un peu à toi mais putain t'as tout tu cherches quoi ; moi je veux du fric, le bonheur l'amour le bien, quoi ? Mais moi ça me va d'aller à Moscou à Monaco à Washington avec mes valises pleines de billets et de courir tout le temps et de de ne pas avoir 

    de temps justement 

    pour les gens que j'aime ; mais au moins je serais in dans les galas dans les fêtes, on sera entre gens blindés de fric 

    et on se fera détesté par notre arrogance ; et l'on n'oubliera qu'on vient de là jusqu'à être seul avec nos billets

    On va se retrouver en duel à escrimer avec ces gens qui font pas parti du même monde -oh que vous avez rêvé d'y entre, mais ils vous ont jeté, parce que c'était pas suffisant, vous êtes pas suffisant, vous avez pas assez envie d'entrer- ces gens qui vous diront ; la paix dans le monde ? Ouais grave, c'est vraiment important, faisons des collectes pour les africains, hein, et puis ont va acheter tous leurs ports ; t'inquiète on va s'en faire de l'argent

     C'est ça, hein ? 

    On va se balader de la chambre au salon de Rio à Rennes avec nos cœurs lacérés à essayer de réveiller le monde, quand la senteur de l'argent a déjà embarqué l'assemblée.

    Parfois, ce monde me dégoûte.

     

    Maéli


    votre commentaire
  • Quand j'ai vu ton nom sur l'écran quand je l'ai vu j'ai cru que le monde s'était retourné ; et quand j'ai décroché, j'ai ri chéri, j'ai ri cerisier en fleurs 

    il faudrait que j'apprenne à mon cœur à cesser de battre il faudrait que je lui dise de rester à terre

    autrement, les atterrissages de secours, c'est pas 

    son truc du tout

    Oh, j'ai ri ; tout va bien dans ton monde ?

    J'ai ri, ici, tout va parfaitement. C'est formidable, fabuleux ; ah pardon il faut que tu raccroches ?

    Rentre bien, hein. Comment ça t'as pas le temps pour moi c'est pas le moment tu peux pas trop parler ?

    Mon cœur crisse, sous tes talons ; certaines choses semblent se rejouer, encore et encore. Mais on peut parler, hein, on peut parler.

    Viens que je t'emmène sur la Lune, viens qu'on aille voir les martiens danser et pluton chanter sur l'aurore ; par contre, seulement quand c'est mieux pour moi, hein.

    J'ai ri, j'ai ri ; tout va bien dans ton monde, hein, t'as absolument rien vu arriver ?

    Pas de soucis, je prends les coups comme il faut. J'hocherai la tête avec ce sourire, et comme d'habitude, je ne dirai rien ; et un jour, je prendrai la sortie et tu n'auras rien vu venir rien vu venir.

     

    Maéli


    2 commentaires
  • Il m'a vu farfouiller dans mon sac, il s'est arrêté. Le métro a ralenti, ça a un peu secoué ; il s'est accroché à la barre de métro. Il a l'habitude des secousses.

    Au son des mes mots, il s'est ému. J'ai fouillé encore plus fort dans mon sac ; j'aurais voulu enfouir mes émotions à dix mille lieues sous la terre

    là où rien ne peut plus m'atteindre là où cet homme est bien au chaud

    Quelque part, où il serait à l'abri, quelque part où sa journée aussi serait terminée ; où il n'aurait plus froid, le soir où on le regarderait dans le métro où il ne passerait pas sa journée à raconter ses malheurs pour arracher un petit quelque chose aux statues de cire qui ferment doucement leur cœur

    J'ai déposé mon cœur dans sa main, il a tinté, comme des petits bouts de verres qui tombent sur le sol, s'entrechoquent ; le voile du ciel m'est tombé sur les épaules

    J'ai essayé de fermer les portes, encore et encore ; il a posé une main sur son cœur merci, ce que vous êtes gentille qu'il a dit et le monde s'est renversé, j'avais la tête à l'envers

    je tenais plus très droit ; je suis pas très stable comme fille 

    Parfois, je me demande comment ils font tous ces gens assis, qui font semblants de ne pas nous regarder ; ils doivent avoir un blindé, une cuirasse qui nous suit partout et qui demande des droits d'entrées 

    ils ont trouvé ça où ?

    Parce que moi, je me déchire en deux, à chaque personne sur le bord de la route ; je tombe en lambeaux aux disputes à la haine la colère dans la rue ; pour un sourire un merci un allez y, j'attrape le soleil, quelque part, dans ma cage thoracique.

     

    Maéli


    8 commentaires