-
La grenade m'a explosé dans les mains.
Je savais plus quoi faire, tu comprends ?
Je sais que ça t'as éclaboussé je sais que t'as pas compris ; j'ai chaviré
Et le sourire dans ta voix qui me retenait ; auquel je me suis encore accrochée, comme s'il allait m'empêcher de tomber, comme si après-demain tu n'irais pas disparu sans nou
velles, sans prévenir, sans rien dire
J'aurais voulu ne rien dire ou tout jeter contre un mur ; mais de nouveau, dans ta bulle tout est parfait et je me sens folle folle folle comment j'ai pu souffrir autant ?
Peut-être que ce soir le sommeil me cueillera enfin.
Un mur m'est tombé sur la tête, j'ai comme l'impression qu'on vit dans deux mondes parallèles ; et que c'est moi, moi, moi... qui suis trop fatiguée trop inquiète trop à bout et
je me balade d'avant en arrière, je suis perdue.
Je m'accroche aux spirales sur mes feuilles qui m'avalent, et me recrachent, le cerveau en compote ; je vais sur l'autre rive, celle où tu n'occupes pas mes pensées, celle où rien ne peut m'arriver.
Le piano murmure doucement et le feu chantonne dans l'âtre, j'ai les pensées qui crépitent ; mes peurs ont pris la fuite.
Maéli
3 commentaires -
https://www.youtube.com/watch?v=HJj4bZsYw5U
Le mur a tremblé. Une fois. Deux fois.
Je me suis recroquevillé encore plus sur moi-même ; les bras entourant les jambes, la tête dans les genoux.
Je crois que la photo de papa et maman sur le mur est tombée, c'était la dernière chose encore accrochée ; le verre que j'ai laissé sur la table tout à l'heure cligne cligne cligne.
Pour me faire rire, Amina me disait que les tremblements de terre devaient ressembler à ça. Maintenant, ça fait longtemps qu'Amina n'a pas essayé de me faire rire. Ça fait longtemps qu'elle n'est pas rentrée.
J'ai serré ma mâchoire à m'en faire mal ; j'ai même eu peur que mes dents explosent sous la pression.
Le mur n'a pas cessé de trembler.
J'enfonce mes ongles si profondément dans ma peau que j'en arrive au sang. Ce n'est pas grave, quand maman reviendra, on mettra un pansement.
Le plus dur, dans tout ça, c'est le bruit. Il est assourdissant. En continu, les balles heurtent les façades, et les bombes sifflent et tombent. La dernière a détruit mon école. Maman a dit que ce n'est pas grave, que de toute façon, je ne vais plus à l'école.
Il fait noir dans ce placard, et je ne veux pas ouvrir les yeux ; fermer les paupières, les serrer l'une contre l'autre jusqu'à ce que tout ça cesse.
Je voudrais pleurer. Il paraît que ça ne sert plus à rien. Je me sens seul dans mon placard, j'ai peur du noir ; peur des monstres qui se glissent sous les lits. Je suis paralysé.
Je crois que je me suis fait dessus.
Je n'ai pas d'autre vêtements. Je ne sais pas pourquoi il pleut sans cesse des points noirs, je ne sais pas ce que j'ai fait ; pourquoi nous ? Peut-être que si j'avais été plus sage à l'école on aurait pas détruit mon école ? Peut-être que la famille d'Ali ne serait pas partie ? Et que mes amis n'auraient pas disparu ?
Je sanglote dans mon placard. Le temps s'étire et maman m'a dit si je ne reviens pas.
La peur enserre mes entrailles.
J'ai peur que maman m'ait oublié. Ou qu'elle m'aie abandonné.
Je ne sais pas ce que ça fait de mourir.
Peut-être qu'Amina est là-bas. Papa aussi. J'aimerais bien une autre histoire, ce soir, comme avant, j'aimerais bien dormir sous une couette prendre un bain faire mes devoirs rire aux éclats ; jouer aux voitures manger le maqluba de maman, entendre papa siffler.
J'aimerais bien fermer les yeux et que rien de tout ça ne soit arrivé.
Maéli
Je sais que c'est rien mais... à ceux qui s'endorment sous les bombes, à tous ceux qui meurent à Alep. Et partout dans le monde.
6 commentaires -
C'est ça, hein ?
Aujourd'hui demain hier et dans trois ans, on se retrouvera au même point, hein ?
On se retrouvera en tête à tête avec la même litanie ; t'es-trop-gentille-faut-pas-c'est-dangereux, putain-la-vache-t'es-trop-sensible-faut-que-t'arrêtes, mais-c'est-pas-ta-faute, merde
pas ta faute s'il est parti et si lui aussi, si l'autre a pris la poudre d'escampette, s'il t'a oublié ; c'est pas ta faute s'il t'a menti si t'as échoué si tu t'es fait recaler c'est pas ta faute s'il est dans la rue c'est pas
ta
faute
On va se retrouver à faire la fête avec ces cocos qui gueulent sur la musique arrête de voir sauver le monde pense un peu à toi mais putain t'as tout tu cherches quoi ; moi je veux du fric, le bonheur l'amour le bien, quoi ? Mais moi ça me va d'aller à Moscou à Monaco à Washington avec mes valises pleines de billets et de courir tout le temps et de de ne pas avoir
de temps justement
pour les gens que j'aime ; mais au moins je serais in dans les galas dans les fêtes, on sera entre gens blindés de fric
et on se fera détesté par notre arrogance ; et l'on n'oubliera qu'on vient de là jusqu'à être seul avec nos billets
On va se retrouver en duel à escrimer avec ces gens qui font pas parti du même monde -oh que vous avez rêvé d'y entre, mais ils vous ont jeté, parce que c'était pas suffisant, vous êtes pas suffisant, vous avez pas assez envie d'entrer- ces gens qui vous diront ; la paix dans le monde ? Ouais grave, c'est vraiment important, faisons des collectes pour les africains, hein, et puis ont va acheter tous leurs ports ; t'inquiète on va s'en faire de l'argent
C'est ça, hein ?
On va se balader de la chambre au salon de Rio à Rennes avec nos cœurs lacérés à essayer de réveiller le monde, quand la senteur de l'argent a déjà embarqué l'assemblée.
Parfois, ce monde me dégoûte.
Maéli
votre commentaire -
Quand j'ai vu ton nom sur l'écran quand je l'ai vu j'ai cru que le monde s'était retourné ; et quand j'ai décroché, j'ai ri chéri, j'ai ri cerisier en fleurs
il faudrait que j'apprenne à mon cœur à cesser de battre il faudrait que je lui dise de rester à terre
autrement, les atterrissages de secours, c'est pas
son truc du tout
Oh, j'ai ri ; tout va bien dans ton monde ?
J'ai ri, ici, tout va parfaitement. C'est formidable, fabuleux ; ah pardon il faut que tu raccroches ?
Rentre bien, hein. Comment ça t'as pas le temps pour moi c'est pas le moment tu peux pas trop parler ?
Mon cœur crisse, sous tes talons ; certaines choses semblent se rejouer, encore et encore. Mais on peut parler, hein, on peut parler.
Viens que je t'emmène sur la Lune, viens qu'on aille voir les martiens danser et pluton chanter sur l'aurore ; par contre, seulement quand c'est mieux pour moi, hein.
J'ai ri, j'ai ri ; tout va bien dans ton monde, hein, t'as absolument rien vu arriver ?
Pas de soucis, je prends les coups comme il faut. J'hocherai la tête avec ce sourire, et comme d'habitude, je ne dirai rien ; et un jour, je prendrai la sortie et tu n'auras rien vu venir rien vu venir.
Maéli
2 commentaires -
Il m'a vu farfouiller dans mon sac, il s'est arrêté. Le métro a ralenti, ça a un peu secoué ; il s'est accroché à la barre de métro. Il a l'habitude des secousses.
Au son des mes mots, il s'est ému. J'ai fouillé encore plus fort dans mon sac ; j'aurais voulu enfouir mes émotions à dix mille lieues sous la terre
là où rien ne peut plus m'atteindre là où cet homme est bien au chaud
Quelque part, où il serait à l'abri, quelque part où sa journée aussi serait terminée ; où il n'aurait plus froid, le soir où on le regarderait dans le métro où il ne passerait pas sa journée à raconter ses malheurs pour arracher un petit quelque chose aux statues de cire qui ferment doucement leur cœur
J'ai déposé mon cœur dans sa main, il a tinté, comme des petits bouts de verres qui tombent sur le sol, s'entrechoquent ; le voile du ciel m'est tombé sur les épaules
J'ai essayé de fermer les portes, encore et encore ; il a posé une main sur son cœur merci, ce que vous êtes gentille qu'il a dit et le monde s'est renversé, j'avais la tête à l'envers
je tenais plus très droit ; je suis pas très stable comme fille
Parfois, je me demande comment ils font tous ces gens assis, qui font semblants de ne pas nous regarder ; ils doivent avoir un blindé, une cuirasse qui nous suit partout et qui demande des droits d'entrées
ils ont trouvé ça où ?
Parce que moi, je me déchire en deux, à chaque personne sur le bord de la route ; je tombe en lambeaux aux disputes à la haine la colère dans la rue ; pour un sourire un merci un allez y, j'attrape le soleil, quelque part, dans ma cage thoracique.
Maéli
8 commentaires -
Moi je croyais qu'on tombait amoureux et que le monde prenait cette même couleur que sous mes pinceaux ; que d'un coup tout brillait, que d'un coup, rien ne nous résistait
J'ai toujours été un peu à dire l'amour d'abord ; l'amour comme hyperbole comme parabole comme refuge comme complément
l'amour comme loupe pour mieux lire la vie, tu vois ?
On m'avait pas dit que y avait des gens qui prendraient tout ce que je pouvais donner et qui me regarderait comme si j'étais un ciel étoilé comme s'ils venaient de voir un coucher de soleil et qui me diraient je t'aime
Mais qui me placeraient dans les trous de son agenda ; qui diraient même pas pardon ni ça va et qui diraient j'ai pas pensé -à toi ?
Forcément ça m'a mise un peu à l'envers cette histoire.
Moi je pensais que l'amour c'était la réponse à toutes les questions ; mon cœur c'est ma boussole mon seul vêtement mon horizon mon élément mon seul bonheur mon aquarelle ma partition
tu comprends pas ? Mais je suis nue, je n'ai absolument rien rien rien pour me protéger, parce que ce qui me tient debout c'est l'amour que j'ai pour vous pour toi pour ce monde, parce que ce que j'ai que ce souffle qui recouvre tout de lumière et qui me porte en avant
et quelque part c'est que si j'allais droit dans le mur ; je peux encore descendre du train, je peux encore dire qu'on mettra les pleins gaz pour autre chose que ça risque de dégommer sa race mais que ça fera moins de dégâts que l'amour cette bête sauvage
ou je peux dire que ça vaut le coup ; je peux encore y croire à nous deux, je peux encore me dire que les murs en amour y en a pas -la question est là : m'aimes-tu réellement ? parce que si oui
je saute sans un regard
Je marche pas droit pourtant j'ai rien bu ce soir ; ils me disent que tu me mérites pas et ça tourne dans ma tête ça tourne dans ma tête et ça danse la valse avec l'amour que j'ai pour toi et tu me fais un spectaculaire croche pattes ;
parce que tu me traites pas comme on traite quelqu'un qu'on aime.
Maéli
2 commentaires