• https://www.youtube.com/watch?v=HJj4bZsYw5U

     

    Le mur a tremblé. Une fois. Deux fois.

    Je me suis recroquevillé encore plus sur moi-même ; les bras entourant les jambes, la tête dans les genoux.

    Je crois que la photo de papa et maman sur le mur est tombée, c'était la dernière chose encore accrochée ; le verre que j'ai laissé sur la table tout à l'heure cligne cligne cligne.

    Pour me faire rire, Amina me disait que les tremblements de terre devaient ressembler à ça. Maintenant, ça fait longtemps qu'Amina n'a pas essayé de me faire rire. Ça fait longtemps qu'elle n'est pas rentrée.

    J'ai serré ma mâchoire à m'en faire mal ; j'ai même eu peur que mes dents explosent sous la pression.

    Le mur n'a pas cessé de trembler.

    J'enfonce mes ongles si profondément dans ma peau que j'en arrive au sang. Ce n'est pas grave, quand maman reviendra, on mettra un pansement.

    Le plus dur, dans tout ça, c'est le bruit. Il est assourdissant. En continu, les balles heurtent les façades, et les bombes sifflent et tombent. La dernière a détruit mon école. Maman a dit que ce n'est pas grave, que de toute façon, je ne vais plus à l'école.

    Il fait noir dans ce placard, et je ne veux pas ouvrir les yeux ; fermer les paupières, les serrer l'une contre l'autre jusqu'à ce que tout ça cesse.

    Je voudrais pleurer. Il paraît que ça ne sert plus à rien. Je me sens seul dans mon placard, j'ai peur du noir ; peur des monstres qui se glissent sous les lits. Je suis paralysé.

    Je crois que je me suis fait dessus. 

    Je n'ai pas d'autre vêtements. Je ne sais pas pourquoi il pleut sans cesse des points noirs, je ne sais pas ce que j'ai fait ; pourquoi nous ? Peut-être que si j'avais été plus sage à l'école on aurait pas détruit mon école ? Peut-être que la famille d'Ali ne serait pas partie ? Et que mes amis n'auraient pas disparu ?

    Je sanglote dans mon placard. Le temps s'étire et maman m'a dit si je ne reviens pas

    La peur enserre mes entrailles.

    J'ai peur que maman m'ait oublié. Ou qu'elle m'aie abandonné. 

    Je ne sais pas ce que ça fait de mourir.

    Peut-être qu'Amina est là-bas. Papa aussi. J'aimerais bien une autre histoire, ce soir, comme avant, j'aimerais bien dormir sous une couette prendre un bain faire mes devoirs rire aux éclats ; jouer aux voitures manger le maqluba de maman, entendre papa siffler.

    J'aimerais bien fermer les yeux et que rien de tout ça ne soit arrivé.

     

    Maéli

    Je sais que c'est rien mais... à ceux qui s'endorment sous les bombes, à tous ceux qui meurent à Alep. Et partout dans le monde.


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  • Quand j'ai vu ton nom sur l'écran quand je l'ai vu j'ai cru que le monde s'était retourné ; et quand j'ai décroché, j'ai ri chéri, j'ai ri cerisier en fleurs 

    il faudrait que j'apprenne à mon cœur à cesser de battre il faudrait que je lui dise de rester à terre

    autrement, les atterrissages de secours, c'est pas 

    son truc du tout

    Oh, j'ai ri ; tout va bien dans ton monde ?

    J'ai ri, ici, tout va parfaitement. C'est formidable, fabuleux ; ah pardon il faut que tu raccroches ?

    Rentre bien, hein. Comment ça t'as pas le temps pour moi c'est pas le moment tu peux pas trop parler ?

    Mon cœur crisse, sous tes talons ; certaines choses semblent se rejouer, encore et encore. Mais on peut parler, hein, on peut parler.

    Viens que je t'emmène sur la Lune, viens qu'on aille voir les martiens danser et pluton chanter sur l'aurore ; par contre, seulement quand c'est mieux pour moi, hein.

    J'ai ri, j'ai ri ; tout va bien dans ton monde, hein, t'as absolument rien vu arriver ?

    Pas de soucis, je prends les coups comme il faut. J'hocherai la tête avec ce sourire, et comme d'habitude, je ne dirai rien ; et un jour, je prendrai la sortie et tu n'auras rien vu venir rien vu venir.

     

    Maéli


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  • Moi je croyais qu'on tombait amoureux et que le monde prenait cette même couleur que sous mes pinceaux ; que d'un coup tout brillait, que d'un coup, rien ne nous résistait

    J'ai toujours été un peu à dire l'amour d'abord ; l'amour comme hyperbole comme parabole comme refuge comme complément

    l'amour comme loupe pour mieux lire la vie, tu vois ?

    On m'avait pas dit que y avait des gens qui prendraient tout ce que je pouvais donner et qui me regarderait comme si j'étais un ciel étoilé comme s'ils venaient de voir un coucher de soleil et qui me diraient je t'aime 

    Mais qui me placeraient dans les trous de son agenda ; qui diraient même pas pardon ni ça va et qui diraient j'ai pas pensé -à toi ?

    Forcément ça m'a mise un peu à l'envers cette histoire.

    Moi je pensais que l'amour c'était la réponse à toutes les questions ; mon cœur c'est ma boussole mon seul vêtement mon horizon mon élément mon seul bonheur mon aquarelle ma partition 

    tu comprends pas ? Mais je suis nue, je n'ai absolument rien rien rien pour me protéger, parce que ce qui me tient debout c'est l'amour que j'ai pour vous pour toi pour ce monde, parce que ce que j'ai que ce souffle qui recouvre tout de lumière et qui me porte en avant 

    et quelque part c'est que si j'allais droit dans le mur ; je peux encore descendre du train, je peux encore dire qu'on mettra les pleins gaz pour autre chose que ça risque de dégommer sa race mais que ça fera moins de dégâts que l'amour cette bête sauvage

    ou je peux dire que ça vaut le coup ; je peux encore y croire à nous deux, je peux encore me dire que les murs en amour y en a pas -la question est là : m'aimes-tu réellement ? parce que si oui

    je saute sans un regard

    Je marche pas droit pourtant j'ai rien bu ce soir ; ils me disent que tu me mérites pas et ça tourne dans ma tête ça tourne dans ma tête et ça danse la valse avec l'amour que j'ai pour toi et tu me fais un spectaculaire croche pattes ; 

    parce que tu me traites pas comme on traite quelqu'un qu'on aime.

     

    Maéli


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  • La nostalgie vous prend aux tripes comme un amoureux vous attrape la main, une dernière fois, pour dire « t’en vas pas ».

    La nostalgie, c’est cette mélodie, cette senteur dans l’air, quand la nuit tombe en hiver et que la journée n’est pas finie ; que reviennent sur la pointe des pieds toutes ces choses inachevées, toutes ces flammes soufflées avant de devenir brasier ;

    Qu’on regarde un peu derrière un peu devant et qu’on chavire

    Mon cœur a pris l’eau.

    L’amour va et vient ; l’amour n’est qu’une question de timing ?

    Ma raison s’accroche. Il faudrait prévoir les bouées de sauvetage en cas de naufrage, il faudrait prévoir un port où rentrer si jamais le bateau se retourne ;

    Et si aimer pouvait détruire ?

    Quel choix nous reste-t-il ?

    Vivre l’amour, se consumer, se laisser atteindre et puis couler ?

    La nostalgie qui vous prend et la rage qui se réveille, bête sauvage qui vient déchirer les tapisseries sur son passage ; ça n’a pas de sens tout ça où va-ton pourquoi moi et la frustration prend le pas

     

    Je perds toujours aux échecs et tu le sais.

     

    Maéli


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  • J'ai croisé mon fantôme ce matin. 

    La tasse à la main, je l'ai aperçu dans la pénombre, dans un coin de la maison, je me suis figée ; le cœur comme enserré dans des griffes glacées. Le monde a cessé de tourner.

    En pyjama, avec des cheveux en nid de corneille, il m'a fusillé du regard.

    Je m'apprêtais à articuler quelque chose, mais un fil s'est coupé mais je n'ai plus su quoi dire mais je me suis perdue dans le temps

    je suis restée coincée quelque part entre ici et maintenant et j'ai eu peur qu'il ne se fasse Méduse ; j'ai eu peur, un instant

    de ne plus pouvoir bouger à nouveau.

    J'ai croisé mon fantôme ce matin.

    Il m'a laissé sur le carreau, le cœur battant ; l'air de sortir de la tombe, avec des valises sous les prunelles je me suis demandée où était passée mon étincelle

    Elle a gueulé, d'une voix criarde ; comme un épouvantail et les corbeaux se sont envolés en coassant dans le ciel :

    -Et si t'arrives trop tard et si le monde est déjà à l'envers et si t'as encore tout fait foirer et s'il sait pas s'occuper de toi et si ça te détruit et s'il te brise le cœur ; et si t'es pas assez bien pour lui qu'il se rend compte qu'il s'est trompé ?

    Je suis tombée en arrière. C'est le genre de pensées qui ne m'ont jamais effleurée. Mais, si près du gouffre, si près d'avoir un miroir que je peux traverser ; j'entends d'ici les anges jouer de la trompette

    je suis tombée à la renverse.

    Elle m'a fusillé du regard et j'aurais voulu lui dire que tout ira bien, qu'il faut pas s'en faire ;  j'aurais voulu lui dire que je sais qu'elle dort pas la nuit, qu'elle pense à lui qu'elle pense à lui et qu'elle chasse ses rêves ; j'aurais voulu lui dire 

    que l'amour n'a pas de prix et que si ça me détruit, tant pis. 

    Et elle se tenait debout, comme pour me dire que ça n'avait jamais été que ma faute.

    Je me suis réveillée, avec un vide au niveau de mon cœur ; il y avait comme cette déchirure en moi, il y avait comme un vide infini et une douleur qui gémissait 

    et dans mes mains, il y avait mon cœur encore plein de sang.

    Il se souvient.

    J'ai soupiré. Il allait falloir nettoyer les draps.

    Et dans ma tête, les mots, comme en échos dansaient se répercutaient, résonnaient ; j'ai tout noyé dans mon café dans mon travail dans ma journée.

     

    Maéli

    PS : Je vous bombarde un peu de textes mais bon, c'est nécessaire x')


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  • "New world coming" Benjamin Walfish & Disa

     

    C'est un temps d'automne à se planter en haut de la colline, près de chez mamie, et attendre que le vent vous dénude

    C'est un temps d'automne à rester immobile, sur le toit du monde, et à laisser ses vêtements glisser ; sur ma peau nue, à laisser ses pensées m'abandonner

    Je me penche en avant, une bourrasque me fait vaciller ; la chandelle sous le porche de mamie résiste vaillament. Je délace mes chaussures, un souci de moins sur le côté

    C'est un temps à monter le son et laisser la musique prendre possession de mon corps ; la laisser m'emmener au bout du monde ; un temps à laisser se suspendre la note au porte manteau, encore en équilibre, dans l'air, 

    à exploser les voix dans ma tête.

    Quelque part entre ici et là-bas, entre moi et mes pas, la brume a recouvert mon corps ; ensevelie sous le poids d'une autre journée. 

    L'hiver est un murmure qui s'est infiltré dans les cous dans les couettes ; qui soupire encore sur mon oreiller à l'heure de se lever, qui drape l'horizon

    qui drape les saisons et que le son des carillons vient briser par-ci par-là, par coups d'éclats.

    Ensevelie sous les mots, je sirote l'hiver ; en attendant le sommeil.

     

    Maéli


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