• Je tourne la cuillère dans mon café. Je touille, je touille. Je remets un peu de sucre, aussi. Si bien que je vais finir par boire plus de sucre que de café.

    Je croise, décroise les jambes sous la table.

    Depuis quand j'ai laissé mon coeur à un tournant ; sur le bord de la route, je l'ai éjecté pour un de ces modèles que tout le monde a.

    On va pas se voiler la face : ça n'a pas marché. Un échec cuisant que diraient les entraîneurs de mon frère.

    Je serais pas là, autrement ; à fixer une page blanche avec la trouille aux tripes. Angoissée, à l'idée d'avoir perdu pour toujours l'équilibre, le serment, le miracle et la malédiction ; terrorisée, aussi à l'idée d'avoir coupé le fil qui me relie du ciel à la Terre. Mon bout d'éternité.

    Le soleil pointe son nez parla fenêtre et vient se poser sur ma table ; sa chaleur caresse ma main. Lui aussi semble attendre que je lâche prise. Si je devais peindre, là maintenant tout de suite, je prendrai toutes les couleurs et je les exploserai sur la toile ; je mettrai les mains les doigts les pieds jusqu'à avoir tout évacué.

    Jusqu'à ce que j'ai délesté complètement la montgolfière.

    Je me mords les lèvres. Le serveur passe une énième fois en me frôlant, regardant sans aucune discrétion dans ma tasse ; une heure que je suis là et je n'en ai pas avalé une goutte. Mon café doit être froid maintenant ; je n'y avais pas songé.

    La peur est tapie dans les recoins de mes pensées ; j'ai une trouille monstre de ce qui va sortir.

    Pourtant, je l'ai compris ; il faut écrire.

    J'ai avalé cul sec mon café -que j'aurais bien recraché- et j'ai monté le volume de la musique intérieure. Le monde, autour, a soudain disparu.

     

    Maéli


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  • https://www.youtube.com/watch?v=ETtz8bTL5i0

     

    La Lune me regarde, de là-haut, sangloter dans mon cœur.

    Il faudra repeindre les murs.

    Y remettre des couleurs ; de l'espoir aussi. Sa voix résonne au quatre coins de ma tête, et le vide est vertigineux, l'ironie crie dans le vide

    Tu as encore laissé passer un train sous ton nez ; 

    pour un mirage

    pour un beau sourire. 

    Qu'est-ce que tu veux qu'on y fasse ? Les notes s'égrènent avec douceur et douleur ; elles s'écorchent sur ma peau. Je me suis coupée en ramassant des coquillages, une nuit sur la plage.

    Tu y croyais vraiment cette fois.

    La balançoire grince, sous le souffle du vent ; comme avant. Mais ce soir, je suis seule. On m'a dit qu'on avait besoin de personne mais c'est un mensonge ; les hululements des loups solitaires m'empêchent de dormir la nuit.

    Tu veux dire que j'y croyais cette fois, ou chaque fois ?

    Comme un coup du sort, je t'ai offert ma poitrine sans savoir que tu allais y planter un éclat de miroir ; je pouvais pas savoir que t'avais juste besoin d'un port, d'un roc, 

    d'une luciole

    Je pouvais pas savoir

    que nos regards ne faisaient que se croiser ; qu'ils n'étaient pas fixés sur la même destination.

    Comme un énième coup du sort.

     

    Maéli


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  • https://www.youtube.com/watch?v=37zPu-hCy3I

     

    J'écris à l'heure où le temps s'est arrêté ; suspendu aux étoiles ou accroché à un bout de la Lune. A l'heure où tout semble immobile, hormis la brise et ses caresses.

    J'ai pris les quelques mots que j'avais dans la poche pour les poser sur la table pour voir quelles phrases je pourrais faire ; ça m'a paru perdu d'avance. J'aurais pu me saigner à blanc pour voir si quelque part ils m'en restaient, des bien cachés.

    Mais il faut croire que je ne t'aime pas assez.

    Le lampadaire vacille. Mon coeur chancelle.

    Je frissonne, dans le noir ; et il me semble que ma voix aussi.

    J'ai mis les mots au placard pour me couper en deux et oublier ce que ça faisait ; de perdre un bout de soi ;

    les larmes montent, jusqu'à une colline, un point de vue, d'où elles pourraient dévaler la montagne

    Oui j'ai coupé le pont et j'ai sabordé le navire, et alors ?!

    Je hurle comme un chien aboie désespérément, comme un con qui appelle au miracle et dont la voie déraille et qui devient soudain muet

    Je les aimais de tout mon coeur ; ils ont marché dessus parce que je ne les aimais pas assez, je fais quoi avec cette poussière dans les bras, le sang coagule et pourtant ne cicatrise pas !

    J'ai perdu les pédales pour des mensonges et des silences ; j'ai hurlé à l'aide dans cette salle aseptisée

    et tu as à peine ouvert les persiennes

    Coup sur coup

    ils ont cassé mon corps comme on brise une noix, j'en avais des éclats plantés jusque dans les mains ; 

    du bout des doigts, ils ont pris mon coeur et ils l'ont tiraillé comme un drap

    Les trains filent dans la nuit, et je suis immobile,dans mon carré d'immeuble qui ne plus laisse échapper de lumière ; j'ai tout éteint. Même le lampadaire en bas grésille.

    J'attends la levée des étoiles. 

    J'ai posé une porte blindée ; on a mis les moyens. Pour te laisser partir et ne pas te retenir, pour ne pas laisser les blessures devenir rivières, pour avancer et sans regarder en arrière ; est-ce que ça me réussit ?

    Ne rien ressentir, c'est le prix de la force ? 

    Regarder les gens assis dans la rue et ne plus sentir son coeur se briser, te regarder sourire et ne plus se souvenir du goût qu'à le paradis, marcher à une vitesse inédite quand seule la vie ne nous attend pas ;

    l'indifférence, c'est ça le prix de la liberté ?

    Mais quelle arnaque, j'ai perdu les mots dans cet exposé ; mais quelle embrouille, j'y ai laissé une part de moi. 

    les larmes guettent, le long de mes barreaux, il faut détruire ce mur ; se protéger, ça me réussit pas, décidément.

     Il me faut des émotions fortes pour briser la coquille.

     

    Maéli


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  • J'erre en haut du monde ; dans les rues de Montmartres. Sous la pluie, le rouge des tableaux n'est que plus provocant et le lierre sur les façades n'en est que plus chatoyant.

    Mes pas silencieux sur le pavé n'ont pas de destination ; mon coeur peut-être.

    La pluie viendra-t-elle à bout de ces nuages qui ont envahi mon ciel ?

    On attend le beau temps.

    Un soupir.

    Les touristes affluents autour de moi ; je me sens submergée par une marée de visages émerveillés ou tout simplement blasés.

    Il faudrait marcher. Ou écrire.

    Trouver cette ligne géométrique qui va d'un point A à un point B ; cette droite infaillible qui donnerait une logique à la trajectoire des étoiles ; à celle de mes pensées, aussi.

    Une de celles qui ne vous laisse pas sur le carreau ; qui ne vous laisse pas tourner en rond ni rugir comme un lion en cage.

    Dans cette impuissance, j'aurais trouvé les mots.

    Quelle insatisfaction.

    Ils perlent de mes plaies et l'encre coule de mes rêves mais rienn'est assez ou tout est trop.

    Un soupir.

    Tout vient de rien, n'est-ce pas ?

    Et de si loin.

     

    Maéli

    Perdue dans ses pensées 


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  • Un coeur qui déraille dans le silence.

    Une goutte sur le sol immaculé.

    Un frisson.

     

    Mais qu'as-tu fait de nous ?

    Je manque d'air ; je demandais pas la Lune, je demandais rien d'impossible. Rester assis, pour l'éternité, en haut du monde 

    les pieds dans le vide

    Souvenirs qui s'écrasent sur les carreaux ; sentir ton corps encore chaud, nos bras qui se touchent, respirer le même air 

    savoir mes cauchemars envolés

    Mais tu as franchi la porte sans te retourner

    Le menton haut et le regard sans regrets ; un monde qui implose et soudainement tu as posé un point démissionné du contrat qui disait toujours en lettres majuscules ; soudainement tu as saboté mes nuits et 

    comme un point d'équilibre qui se brise

    La porte a claqué et en un cri silencieux ma poitrine s'est déchirée, au lieu d'un coeur perforé, ce sont des ombres noires et gluantes qui ont jailli, des gerbes d'encre ont taché le plafond mon pantalon

    les boutons de ma chemise ont volé ; mes fantômes ont giclé jusqu'au plafond

     

    Maéli

    Ps : La chanson m'a inspiré ça...


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  • Mon corps a bondi quand je t’ai vu ; mais qu’est-ce que tu fais-là ? Je t’attendais pas si tôt.

    On s’est regardés, comme deux étrangers au bout du monde ; on s’est regardés, comme si j’avais pas envie de me jeter dans tes bras

    tu es vraiment là ?

    Un oiseau sur la branche, qui siffle au-dessus de nos têtes ; tu n’es pas réel, n’est-ce pas ?

    Cette bougie dans tes yeux, quand tu souris ; tu peux me la dessiner, encore et encore ? En faire des nuages ou des confettis, que je l’imprime sur mes paupières

    pour chasser les mauvais rêves et les fantômes

    De toute façon, tu n’es pas là ?

    Je devrais pas rire, comme ça ; pas ici, pas si fort, non plus. Mais le bonheur s’échappe, pareil à une bulle de savon, il cherche l’extérieur, il veut retrouver le soleil ; tu lui coudras des ailes, n’est-ce pas ?

    pour que même les idées noires trouvent la sortie ; le son de  mon rire les guidera

    tu t’en vas ?

     

    Alors montre moi tes mains d’abord, je ne voudrais pas que tu embarques avec toi mon trésor.

     

    Maéli


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